Page 72 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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G8                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                        vaporisation, est souvent mise à profit dans   s’abaissant à mesure que la pression at­
                        l'industrie. On a vu, dans la Notice sur 17n-   mosphérique diminue, l’eau doit entrer plus
                        dustrie du sucre, qui fait partie de ce re­  vite en ébullition au sommet d’une mon­
                        cueil (1), que l’évaporation des jus sucrés   tagne qu’à sa base ; bien plus, la tempéra­
                        provenant soit de la canne, soit de la bet­  ture de cette ébullition doit correspondre
                        terave, se fait toujours par l’intermédiaire   exactement à la hauteur du lieu où l’on se
                        du vide. L’appareil de Howard à cuire     trouve sur cette montagne. Par une consé­
                        dans le vide servit le premier, dans les   quence du même genre, l’eau doit bouillir
                        colonies, à évaporer les jus sucrés au moyen   à des températures plus élevées, si l’on
                        du vide. Les appareils dits à triple effet,   descend dans les profondeurs du sol. Sur
                        dans lesquels l’évaporation dans le vide a   le mont Blanc, comme on le voit d’après
                        été singulièrement perfectionnée, servent   le tableau de la page précédente, l’eau bout
                        aujourd’hui à l’évaporation des jus sucrés   à 84 degrés, tandis que dans les mines de
                        de la betterave, et réalisent une grande éco­  charbon de terre, en Belgique, elle bout à
                        nomie. C’est au moyen d’énormes machines   plus de 100 degrés, à cause de la profon­
                        pneumatiques, dites pompes à air, que l’on   deur de ces mines.
                        produit et que l’on entretient constamment   On conçoit donc que le point d’ébullition
                        le vide dans les chaudières évaporatoires,   de l’eau puisse servir à évaluer l’altitude
                        ainsi que nous l’avons dit en décrivant les   des lieux. M. Régnault a construit sur ce
                        procédés d’extraction du sucre de bette­  principe un instrument qui donne la hau­
                        rave et de raffinage du sucre colonial.   teur d’un lieu au-dessus du niveau de la
                          L’industrie des produits chimiques fait   mer, d’après la température de l’ébullition
                        usage du vide pour accélérer l’évaporation,   de l’eau.
                        ou pour évaporer des liquides que l’action   L’hypsomètre de M. Régnault est repré­
                        de la chaleur pourrait altérer. Des sirops,   senté dans la figure 36.
                        des extraits, sont préparés de cette manière.   A est une petite chaudière pleine d’eau
                        On appelle en pharmacie extraits dans le   que l’on chauffe avec une lampe à alcool ;
                        vide, des extraits médicamenteux produits   elle est surmontée d’un tube C, qui s’al­
                        en évaporant des macérations aqueuses de   longe au moyen de tirages ; un thermo­
                        différents produits végétaux. Tandis que   mètre est suspendu à l’intérieur de ce tube,
                        les extraits obtenus par l’ancien procédé de   et le dépasse par son extrémité D, de ma­
                        l’évaporation à l’air libre, sont toujours noirs   nière à permettre de lire, de l’extérieur,
                        et en partie altérés, les extraits dans le vide   les degrés extrêmes de l’échelle. On fait
                        sont d’une belle couleur fauve, indice cer­  bouillir l’eau et on constate le degré du
                        tain de leur pureté.                       thermomètre. D’après le degré observé au
                          Dans l’industrie du raffinage du sucre, la   thermomètre et au moyen de tables dres­
                        dessiccation au moyen du vide est largement   sées par M. Régnault, on connaît la tension
                        employée. Ainsi que nous l’avons dit en par­  de la vapeur, et l’on en déduit la pression
                        lant de cette industrie (2), on appelle su­  barométrique, et par conséquent la hauteur
                        cettes, dans les raffineries, les appareils qui   du lieu où l’on se trouve.
                        servent à dessécher, au moyen du vide, les   Cet instrument ne mérite pas une grande
                        pains de sucre, après le clairçage.        confiance, sous le rapport de l’exactitude
                          La température de l’ébullition de l’eau  ni de la facilité d’emploi, mais il est fondé
                                                                   sur un principe si curieux que nous n’a­
                          (1)  Tome II.
                          (2) Tome II , page 71.                   vons pas cru devoir le passer sous silence.
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