Page 61 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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INDUSTRIE DE L’EAU. 57
marchèrent sur leurs bas, au risque dune qués loin de chez eux purent gagner, clo
bronchite. D’autres enveloppaient leurs pin-clopant, leur demeure, à travers le gâ
chaussures de linge et de mouchoirs. D’au chis.
cuns regagnaient à quatre pattes leur do
micile. C'étaient là les plus braves. Mais la
plupart, hommes ou femmes, renonçant à
CHAPITRE VI
tout essai de progression, prirent le parti
de coucher dans le premier hôtel venu, ou l’eau LIQUIDE. — LA COMPRESSIBILITÉ DE I.’eAU. — SA
DENSITÉ. — LE MAXIMUM DE DENSITÉ DE L’EAU ET SES
de demander l’hospitalité dans le poste voi
CONSÉQUENCES DANS LA NATURE. — ACTION DE LA
sin, ou chez les amis auprès desquels ils se CHALEUR SUR l’eAU. — LE POUVOIR DISSOLVANT DE
trouvaient. D'autres prirent le parti, en at L’EAU ET SES APPLICATIONS DANS L’iNDUSTRIE. — L’AIR
tendant le jour et le dégel, de s établir dans DISSOUS DANS L’EAU.
quelques-unes des nombreuses voitures que
l’on avait dû dételer et abandonner au mi A l’état liquide, l’eau est peu élastique,
et tellement peu compressible, qu’on a long
lieu des rues.
Presque toutes les voitures, en effet, temps douté qu’il fût possible de la réduire
avaient été obligées de s’arrêter. Les omni à un volume moindre que le sien. 11 était
bus avaient brusquement suspendu leur pourtant certain que l’eau était compres
service. Vers 11 heures, la place de la Con sible, puisque son propre poids la comprime
corde en était encombrée : sur 24 voitures à tel point, dans le fond des lacs et des mers,
qui desservent la ligne de Vaugirard, 22 que sa densité va toujours en augmentant
avaient été obligées de faire descendre leurs depuis la surface jusqu’au fond.
voyageurs. Les fiacres n’avaient pas été plus On eut pendant longtemps beaucoup de
favorisés. On en rencontrait à chaque pas, peine à constater par l’expérience la com
arrêtés, soit par la chute des chevaux, soit pressibilité de l’eau, ou à mesurer cette com
par l’impossibilité d’avancer. Plus de cent pressibilité, parce que les vases dans lesquels
voitures de place restèrent ainsi en détresse, on faisait l’expérience cédaient eux-mêmes
pendant toute la soirée, aux abords du Pont- à la pression que l’on exerçait sur l’eau.
Neuf. Perkins parvint le premier à mettre hors de
Les accidents furent nombreux. On a dit doute la compressibilité de ce liquide, en
que la nuit du 1er janvier 1875 avait causé entourant l’appareil qui sert à faire l’ex
plus de mal ou occasionné plus d’accidents périence , d’eau comprimée avec la même
que le bombardement de Pariscn 1871. L’as force. OErsted simplifia ensuite cet appa
sertion est exagérée, mais ce qui est certain, reil ; de sorte qu’aujourd’hui l’expérience
c est qu’il y eut quelques accidents suivis de se. fait sans aucune peine, et que l’on con
mort, et une quantité incalculable de frac state facilement le phénomène de la dimi
tures, luxations, entorses, contusions, etc., nution du volume de l’eau par la pression.
résultant de chutes qu’il était impossible L’eau diminue, seulement sous une at
d éviter avec un verglas d’une intensité mosphère de pression, de 51 millionièmes
telle qu on n’en avait pas vu de semblable de de son volume, d’après les expériences de
mémoire d homme à Paris. divers physiciens (Despretz, Colladon et
Ce ne lut que dans la matinée du 2 jan- Sturm, Vertheim, Régnault, Grassi). Une
Mer, vers 7 heures, que la température se capacité d’un million de litres d’eau est ré
détendit, et que le dégel prit une allure ac
duite de 51 litres de sa capacité par la pres
célérée. Alors seulement, les Parisiens blo- sion d’une atmosphère. Comme cette com-
t. in. 195