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52                    MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                     seur variable. La grêle provient des nuages   ciel. Elles provenaient certainement de plu­
                     orageux ; elle tombe au commencement de   sieurs grêlons soudés les uns aux autres.
                     l’orage, souvent pendant l’orage, jamais   Il est probable que les énormes grêlons
                     après.                                    dont nous venons de parler étaient de véri­
                        Les nuages à grêle sont très-épais; ils   tables agglomérations. Le globe de glace,
                     obscurcissent l’atmosphère , et sont recon­  long d’un mètre et épais de 7 décimètres,
                      naissables à leurs contours qui semblent   qui tomba en Hongrie, en 1802, ainsi qu’un
                      déchirés. Ils sont toujours de peu d’étendue,   autre de même dimension, qui tomba, dit-on,
                      car la grêle ne tombe jamais que dans un   près de Seringapatam, dans les Indes, au
                      espace circonscrit et dans très-peu de temps.   commencement de notre siècle, sous le règne
                      Au bout d’un quart d’heure, l’orage s’est   de Tippo-Sahib, étaient des agglomérations
                      arrêté, et le nuage ne répand plus de grê­  de ce genre.
                      lons, du moins sur le même lieu.            Les grêlons sont, en général, globulaires,
                        La chute de la grêle est quelquefois pré­  mais on en voit d’ovales, d’aplatis et de for­
                      cédée d’un bruit venant des nuées, et que   mes irrégulières. Leur surface est recou-
                      l’on a comparé à un sac de noix que l’on  | verte d’éminences plus ou moins pronon­
                      remue. Ce bruitest pourtant assez rare, bien   cées. Le naturalisteLecoq, de Clermont-Fer­
                      qu’Aristote et Lucrèce l’aient mentionné, et   rand, a vu des grêlons de forme ovale, sur
                       que Peltier,dans son ouvrage sur les Trombes,   les deux bouts desquels étaient implantées
                       parle d’une grêle tombée à Ham, qui fut   des aiguilles de glace. On a recueilli des grê­
                       précédée d’un bruit tellement intense que   lons de forme pyramidale, dont les angles
                       beaucoup de personnes pensèrent qu’il était   étaient émoussés par un commencement
                       produit par le passage d’un escadron de ca­  de fusion; la base de la pyramide étant
                       valerie.                                  remplacée par une surface sphérique irré­
                         Le volume des grêlons varie depuis quel­  gulière, ce qui pouvait les faire considérer
                       ques millimètres de diamètre, jusqu’à     comme des fragments de masses sphéroï-
                       10 centimètres et plus. On a vu des grê­   dales.
                       lons de la grosseur d’un œuf de pigeon, et   On trouve toujours au centre d’un grêlon,
                       même d’un œuf de poule. Le professeur      un noyau opaque, blanc, entouré de plusieurs
                       Boisgiraud a décrit des grêlons de cette   couches concentriques, qui sont quelque­
                       grosseur qui tombèrent à Toulouse, en      fois alternativement opaques et transpa­
                       grande quantité, le 8 juillet 1834.        rentes. On voit quelquefois ces couches con­
                          La 4 juillet 1819, il tomba, à Angers, des   centriques se terminer par des stries rayon­
                        grêlons de 8 centimètres de diamètre, qui   nantes partant du noyau opaque.
                        enfoncèrent les toitures, et percèrent les   La figure 28 donne la coupe de quatre
                        ardoises des toits, comme auraient pu le   grêlons dans lesquels on retrouve les parti­
                        faire des projectiles.                    cularités ci-dessus décrites, à savoir : A, la
                          Le 15 juin 1829, des grêlons qui pesaient,   coupe d’un grêlon sphéroïdal, avec son noyau
                        dit-on, un kilogramme, tombèrent àCazorta   et ses couches concentriques alternative­
                        (Espagne), enfonçant le toit des maisons.  ment transparentes et opaques; — B, un
                          En 1839, il tomba à Constantinople des   grêlon sphéroïdal, avec son noyau opaque
                        grêlons gros comme le poing, qui pesaient   et deux couches concentriques se terminant
                        500 grammes.                               à la périphérie par une structure rayon-
                          On trouve cités dans les auteurs quelques   née; — C, un grêlon de forme pyramidale
                        exemples de masses de glace tombées du     à contour sphéroïdal qui semble indiquer
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