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INDUSTRIE DE L’EAU.                                 53


          qu’il provient de la fragmentation d’une   se voyaient dans ces poudingues aériens.
           masse sphéroïdale ; — D, un grêlon de forme   Après leur fusion, ces grêlons laissèrent
           irrégulière avec noyau en son milieu.    une poussière fine et abondante, offrant des
                                                    particules organiques.
                                                       La glace entourant le noyau avait une
                                                    structure cellulaire. Les noyaux et leur en­
                                                    veloppe n’offraient pas de cristaux vraiment
                                                     dignes de ce nom. Cette dernière remarque
                                                     semble corroborer l’hypothèse qui attribue
                                                     la formation de la grêle, non-seulement au
                                                     refroidissement de l’eau en vapeur qui for­
                                                     ment les nuages, mais encore aux mouve­
                                                     ments tumultueux que les tourbillons aé­
             L’intérieur des grêlons renfermé souvent   riens impriment à ces masses congelées en
          des bulles d’air, ou de petits grains de glace   voie de formation. Or, on sait qu’un calme
          semblables au noyau central. Dans certains   parfait est nécessaire pour la formation de
           grêlons on a trouvé des débris de paille, de   cristaux. L’absence d’un noyau cristallisé
           poussière, et même de la cendre volcanique   prouve l’état de grande agitation de l’air au
           dans le voisinage des volcans. Dans un    moment de la formation des grêlons.
           orage qui éclata en juin 1808. dans l’Etat de
           Ténessée (Amérique), on ramassa des grê­    11 est assez remarquable que la grêle pro­
           lons dont le noyau était composé de débris   prement dite soit une production particu­
           de feuilles vertes et de brandies entourées   lière aux climats tempérés. 11 tombe sou­
           de glace.                                 vent, dans les pays du Nord, de petites ai­
             Un chute abondante de grêlons eut lieu à   guilles de glace, qu’on appelle grésil-, mais le
          Toulouse, le 28 juillet 1874, vers 8 heu­  grésil n’est que de la pluie congelée, il ne
           res et demie du soir. Les dimensions d’un   faut pas le confondre avec la grêle propre­
           grand nombre de ces grêlons furent dé­    ment dite.
           terminées par M. Joly, professeur à la Fa­  La grêle tombe dans les montagnes, sous
           culté des sciences de Toulouse. Ils avaient   toutes les latitudes. Fréquemment elle tombe
           le volume d’une noisette, d’une noix ou   dans la montagne, alors que la vallée ne
           d un œuf de pigeon ; d’autres atteignaient   reçoit que de la pluie. Cela tient à la dif­
           même la grosseur d’un œuf de poule.       férence de température résultant de l’al­
             Quelques-uns se présentaient en agglo­  titude.
           mérations semblables aux poudingues des     La configuration du sol semble provo­
           géologues, ayantsept à huit centimètres de   quer la formation de la grêle, car il est des
           long, sur quatre ou cinq de large; douze   localités qui sont visitées chaque année par
           heures après la chute, leur poids dépassait   ce fléau, telles que certaines régions des en­
           ■encore 50 à 60 grammes. L’intérieur de   virons de Clermont-Ferrand, tandis qu’il
           <es glaçons était transparent comme du    en tombe à peine une fois en vingt ans en­
           ■cristal ; on y distinguait des noyaux multb-   tre le Puy-de-Dôme et le mont Dore. Dans
           pies opaques et d’un blanc laiteux, ayant   la Suisse, les vallées dirigées de l’est à
           le volume d’une cerise ou d’un gros pois.   l’ouest, comme celles du Valais et dedans,
           De nombreuses bulles d’air, des grains de   sont, dit-on, également à l’abri de la grêle.
           sable et quelquefois des débris de végétaux,   Une circonstance tout à fait propre aux
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