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56 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE
grêlons que nous avons représentés sur la terre une température inférieure à 0°. Aussi
figure 28 (page 53). est-ce au moment du dégel que le verglas
Gelée blanche. — On nomme ainsi un dé se produit généralement. Un courant d’air
pôt d’eau solide, à demi cristallisée et spon chaud venant à parcourir l’air, provoque
gieuse, qui se forme à la surface de la la formation de la pluie en rencontrant les
terre, quand la température descend au-des nuages; mais la terre n’a pas encore eu le
sous de 0“. On lit dans la plupart des ou temps de se réchauffer, et lorsque la pluie
vrages, que la gelée blanche n’est autre tombe, elle se gèle en touchant le sol et tous
chose que de la rosée congelée ; mais la va les objets qu’elle rencontre. L’eau pluviale
peur d’eau atmosphérique ne s’est pas dé se prend ainsi en une masse solide transpa
posée d’abord à l’état liquide sous forme rente, luisante et uniforme, qui transforme
de rosée ; car, s’il en était ainsi, le givre la terre en une nappe continue de glace pro
aurait l’aspect de petits mamelons de glace prement dite, de l’épaisseur de plusieurs
amorphe et transparente, et non de couche millimètres.
cristalline opaque, dans laquelle on dis La soirée du 1er janvier 1875 fut marquée,
tingue souvent des prismes implantés les à Paris, par un verglas d'une intensité extra
uns à côté des autres. La gélée blanche est ordinaire. La terre était très-refroidie par-
de l’eau solide provenant directement de la une température de — 2° à — 6“ qui avait
vapeur vésiculaire de l’air, par suite du duré plus de deux semaines, lorsqu’un vent
grand refroidissement du sol, provoqué chaud, venant du sud, provoqua une pluie
par le rayonnement nocturne quand le ciel abondante. Tout aussitôt, la surface du sol
est très-découvert. se trouva recouverte d’une nappe de glace
C’est au printemps et en automne que prodigieusement glissante, et qui donna
les corps peuvent se refroidir assez par le lieu, dans les différents quartiers de la capi
rayonnement nocturne, pour qu’il y ait for tale, aux accidents les plus graves.
mation de gelée blanche. C’est à 9 heures du soir qu’une pluie
mêlée de grésil, s’était mise à tomber, et avait
Givre. — On appelle givre les cristalli formé bientôt, au contact du sol refroidi,
sations de glace qui apparaissnt dans la une nappe glissante. Vers 10 heures, il
campagne, sur les arbres, sur les feuilles, était devenu dangereux de s’y aventurer.
sur les fils d’araignée, lorsqu’un vent chaud On n’entendait, dans l’obscurité, que les
et humide succède à un froid vif et prolongé. cris de colère des cochers, dont les chevaux
C’est une couche de véritable glace à struc s’abattaient, ou les cris d’effroi des piétons
ture cristalline, mais qui a une autre ori chancelants, qui ne pourraient faire un pas
gine que la gelée blanche, puisqu’elle se sans s’exposer à des chutes graves. On ne
forme tout aussi bien pendant le jour que I savait quelles précautions employer pour
pendant la nuit. avancer sur ce parquet de glace. Les trottoirs
Verglas. — Le verglas est le résultat de étaient tout à fait impraticables, en raison de
la congélation de l’eau de pluie tombant à la la surface unie de l’asphalte. On se tenait un
surface de la terre, quand celle-ci se trouve peu mieux sur la chaussée, et l’on voyait un
à une température inférieure à 0°. grand nombre de piétons marcher derrière
11 faut deux conditions pour la production les quelques voitures qui parcouraient la
du verglas : dans les couches supérieures de chaussée, en suivant l’ornière des roues
l’air, une température supérieure à 0° ou un ou en s’accrochant à la voiture. Beaucoup
courant d’air chaud, et à la surface de la de personnes ôtèrent leurs chaussures et