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INDUSTRIE DE L’EAU.                                 55


          Personne ne croit plus à cette explication, I   de préserver les campagnes des ravages de
          trop élémentaire. Si 1 électricité joue quel­  ce fléau au moyen de perches armées de
          que rôle pendant la formation de la grêle,   pointes de fer, plantées dans le sol. On ap­
          c’est que dans toute évaporation il y a dé-   pelait cela des paragrèles. Les bonnes âmes
          gagenient d’électricité ; mais la cause essen­  s’imaginaient que ces appareils, déchargeant
          tielle de la production de la grêle est toute   les nuages de leur électricité, préviendraient
          météorologique. Sans doute la grêle se forme   la formation de la grêle. Ce système enfan­
          toujours entre deux ou plusieurs couches   tin eut une certaine vogue pendant quel­
          de nuages superposés, mais la pluie ne se   ques années. On vit, par exemple, toute la
          produit également qu’entre deux ou plu­   côte du lac de Genève qui fait partie du
          sieurs couches de nuages superposés.      canton de Vaud, garnie de ces espèces de
            La grêle se forme, au lieu de la pluie,   paratonnerres. Mais on se hâta de les sup­
          lorsque la température des régions supé- !   primer lorsqu’on eut reconnu leur parfaite
          Heures est considérablement refroidie par   inefficacité, qui, résultait avec une frap­
          des vents glacés ou toute autre cause. Les   pante éloquence de la grande quantité de
          nuages placés à des hauteurs de 3,000 mè­  grêlons qui tombaient au pied des prétendus
          tres renferment presque toujours des ai­  paragrèles !
          guilles de glace, c’est-à-dire du grésil, et la
          température de ce grésil peut être, à cette   Grésil. — Le grésil, comme nous l’avons
          hauteur, de — 20°, tandis que des nuages   dit plus haut, n’est point de la grêle, mais
          placés inférieurement contiennent de l’eau   simplement la réunion de petits cristaux
          à l’état vésiculaire, dont la température est   d’eau congelée tombant de grandes hauteurs
          au-dessus de 0°. Quand ces nuages, marchant   de l’atmosphère. C’est à proprement parler
          dans deux directions différentes, viennent à   de la pluie congelée qui a pris naissance
          se rencontrer, les gouttes d’eau vésiculaire   dans des nuages dont la température est bien
          du nuage inférieur se gèlent instantanément   au-dessous de 0°. Le grésil tombe toujours
          par le froid subit qui les saisit au contact des   quand le vent règne et lorsque le temps est
          nuages à — 20°, et il se forme de petits grê­  variable. Si l'air est tranquille à la surface
          lons. Ces petits grêlons ne tombent pas sur le   de la terre, et que pourtant il tombe du
          sol immédiatement après leur formation,   grésil, on peut reconnaître, à la marche ra­
          parce qu’ils sont emportés parle vent, par   pide des nuages, que le vent souffle au haut
          des tourbillons atmosphériques, peut-être   des airs.
          aussi parce qu’ils sont en même temps attirés   Le vent parait, en effet, une condition né­
          par l’électricité contraire de diverses cou­  cessaire à la formation du grésil. Le météo­
          ches de nuages orageux. •                 rologiste Kaemts reconnut dans les Alpes
            C’est ainsi que les grêlons, soutenus un   que la neige se transforme en petits pris­
          instant dans l’air, malgré leur poids, grossis­  mes pyramidaux dès que le vent souffle par
          sent, par l’adjonction dé nouvelles couches   rafales. Dès que le vent cessait, la neige
          d eau glacée empruntée aux nuages qu’ils   commençait à tomber sous forme de flo­
          rencontrent, lis s’agglomèrent plusieurs   cons.
          ensemble, et finissent par composer des     Suivant Kaemts, le grésil forme des cris­
          masses assez pesantes pour tomber enfin sur   taux composés d’une petite pyramide à trois
          le sol.
                                                    pans. Le grésil se formant au sein des
            A 1 époque où l’on attribuait à la grêle une   nuages, est, comme nous l’avons vu, l’ori­
          oiigine purement électrique, on eut l’idée 1
                                                    gine des grêlons. Il constitue le noyau des
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