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LES ALLUMETTES CHIMIQUES.                               563


        de la friction était trouvé, il ne s’agissait   sieurs États de l’Allemagne. L’interdit ne
        que de le rendre plus pratique.           fut levé que vers 1840, lorsque J. Preshel
          Les allumettes chimiques allemandes ne   eut apporté des perfectionnements notables
        tardèrent pas, en effet, à se perfectionner. On   à la composition de la pâte.
        chercha un combustible pour remplacer le    La pâte employée vers 1840, par J. Preshel,
        sulfure d’antimoine, qui exige une tempéra­  était ainsi composée :
        ture élevée pour brûler avec l’oxygène du
                                                      Chlorate de polasse................  Il  parties
        chlorate de potasse, et demande, par suite, un
                                                      Phosphore................................ 44   »
        frottement trop fort Frédéric Kammerer, qui   Gomme.................................... 45   »
        avait fabriqué les premières allumettes chi­
                                                                              100 »
        miques à friction, songea au phosphore, pour
        remplacer le sulfure d’antimoine. Il fabri­  On la colorait avec un peu de bleu de
        qua des allumettes phosphoriques à friction,   Prusse.
        à base de phosphore, et c’est ainsi que pri­  En 1835, Octave Trezany remplaça une
        rent naissance les premières allumettes chi­  partie du chlorate de potasse par du minium
        miques à base de phosphore.               (bioxyde de plomb) et du peroxyde de man­
          C’est en Autriche, en 1833, que s’établit   ganèse, et le phosphore par le sulfure d’anti­
        la première fabrique d’allumettes chimiques   moine. Mais la préparation de cette pâte et
        allemandes à base de phosphore. Cette fa­  l’emploi de ces allumettes exposaient tou­
        brique, dirigée par Etienne Rômer et J. Pres­  jours aux mêmes dangers.
        hel, produisit sur une grande échelle des   C’était la présence du chlorate de potasse
        allumettes phosphoriques à friction. Du pa­  qui occasionnait la trop grande inflammabi­
        pier ou de l’amadou imprégnés de la pâte   lité des allumettes chimiques phosphoriques.
        phosphorique inflammable, servaient aux fu­  Il importait donc de le remplacer. En 1837,
        meurs. De petites branches de bois, enduites |  ! J. Preshel découvrit que le peroxyde de
        de la même composition, formaient des allu­  plomb (oxyde puce) est un très-bon oxydant
        mettes qui prenaient feu avec bruit.      pour le phosphore, et qu’il peut remplacer le
          A la même époque, les allumettes chimiques   chlorate de potasse. Le chlorate de potasse
        phosphoriques furent également fabriquées à   fut dès lors banni de la fabrication des allu­
        Darmstadt.                                mettes, qui se trouva réduite au phosphore
          Les allumettes chimiques phosphoriques ne   et à la matière organique. C’est là le plus
        furent pas adoptées sans difficulté au dé­  grand progrès qui ait été apporté à la prépa­
        but. La pâte formée de chlorate de potasse et   ration des allumettes chimiques en Allema­
        de phosphore déflagrait souvent, et exposait   gne. La pâte formée de chlorate de potasse
        ainsi à des dangers. Ces dangers se présen­  ne fait pas d’explosion violente, et son trans­
        taient plus sérieux encore dans la fabrica­  port est moins dangereux. En outre, la fric­
        tion, car il suffisait de la plus légère impru­  tion n’occasionne aucune projection de ma­
        dence pour déterminer des explosions dans   tière brûlante, capable de mettre le feu. A
        les ateliers. Le cahot seul des voitures fai­  partir de cette découverte, les briquets oxygé­
        sait quelquefois détoner les ballots d’allu­  nés, qui continuaient de soutenir en Alle­
        mettes. Aussi les compagnies d’assurances   magne la concurrence contre les allumettes
        refusaient-elles de traiter avec les entrepre­  chimiques phosphoriques au chlorate de
        neurs de roulage qui se chargeaient de celte   potasse, disparurent sans retour.
        marchandise. Les choses allèrent si loin que   J. Preshel ne s’en tint pas là; il voulut
        Fâllumette chimique fut interdite dans plu­  produire des allumettes à très-bon marché.
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