Page 567 - Les merveilles de l'industrie T3 Web

568 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

2° Les procédés de fabrication, qu’il met en usage, débiter en tiges. On commence parle bien
quoique susceptibles encore de perfectionnements, sécher. Pourcela, on l’enferme, pendantquel-
donnent cependant des résultats satisfaisants, au
point de vue de la qualité des produits, de la santé ques heures, dans un four bien chauffé, qui
des ouvriers, de la sécurité contre les empoisonne­ lui enlève toute son humidité. Le train de bois
ments.
que l’on a séché dans le four, a été introduit
dans cette capacité sur des rails. On le retire
Malgré ces approbations officielles, les
du four à l’aide d’une chaîne, en le faisant
allumettes sans phosphore ni poison de
glisser de nouveau sur les mêmes rails. Alors
M. Canouil n’ont pu conquérir la faveur du
une scie le débite en blocs cubiques, dont
public, et leur fabrication a été abandonnée
l’épaisseur marque la hauteur qu’auront les
au bout de peu d’années. De toutes les allu­
allumettes.
mettes hygiéniques c’est-à-dire dans les­
Le séchage, ainsi que le débit du bois,
quelles la pâle de l’allumette ne s’enflamme
se pratiquent dans les pays de forêts, afin
pas par la friction, et qui exigent, pour pren­
de réduire les frais de main-d’œuvre et de
dre feu, qu’on les frotte sur une surface-
transport. On expédie les bois séchés et tout
particulière, les seules qui soient restées
débités en blocs cubiques. En Allemagne, les
dans le commerce et que l’on emploie au­
forêts de la Bohême, de la Thuringe et de
jourd’hui en France, sont, comme nous le
la Bavière, livrent la plus grande partie des
dirons plus loin, les allumettes suédoises.
billes à allumettes ; en France, ce sont les
Toutes les autres allumettes hygiéniques sont
forêts des Vosges.
allées rejoindre, dans le royaume de l’ou­
Le premier instrument qui servit à décou-
bli, le briquet oxygéné, leur ancêtre direct.
perle boisen allumettes quadrangulairesavec
des cubes de bois ayant le côté égal à la lon­
gueur des allumettes, fut un simple couteau
fixé à un levier, qu’onlevait et abaissait alter­
CHAPITRE VIII
nativement, semblable, par conséquent, à
celui dont se servent les boulangers pour cou­
LA FABRICATION DES ALLUMETTES. — INSTRUMENTS ET
PROCÉDÉS DE CETTE FABRICATION. per le pain. L’ouvrier faisait avancer le bois
de l’épaisseur d’une allumette après chaque
La préparation des allumettes chimiques section, et faisait ainsi une série de fentes
exige plusieurs opérations distinctes. Ces parallèles (fig. 244). Il pratiquait ensuite une
opérations consistent : autre série de sections perpendiculaires aux
1° A sécher le bois, à le découper et à le précédentes, et obtenait ainsi de petites ba­
raboter; 2° à mettre les allumettes en presse; guettes quadrangulaires.
3° à chimiquer les allumettes, c’est-à-dire les Les allumettes ainsi taillées sont jetées
recouvrir de la pâte chimique phosphorée ; dans un canal en bois, d’où elles tombent
4° à sécher les allumettes chimiquées ; 5° à sur le sol d’un pièce inférieure. Là, elles se
dégarnir les cadres des allumettes et à met­ tiennent encore plus ou moins, rangées pa­
tre les allumettes en paquets ou en boîtes. rallèlement. Aussitôt, une ouvrière les ra­
Nous allons décrire cette série d’opéra­ masse pour les mettre en paquet.
tions. Pour faire ces paquets, l’ouvrier est muni
Quand on a fait le choix du bois (le sapin d’une pièce de bois en forme d’w ayant une
ordinaire, le pin, le tremble, quelquefois le fente dans son épaisseur (fig. 245). Il introduit
pin d’Ecosse, le hêtre, le tilleul, le bouleau, dans la fente une ficelle et remplit d’allumet­
le saule, le peuplier, le cèdre), il s’agit de le tes le creux de la pièce de bois, en posant les