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LES ALLUMETTES CHIMIQUES.

         placée parallèlement à l’axe des cylindres, et l’on   Comme les allumettes ainsi débitées sont
         pousse d’abord le chariot contre un certain nombre
                                                   encore pêle-mêle dans le casier collecteur
         de petits couteaux séparés les uns des autres par
         des intervalles égaux à la largeur des allumettes,   G, on se sert avec avantage d’une machine à
         et qui font dans le bloc de bois un nombre de sec­  ranger ou à botteler les tiges d’allumettes.
         tions correspondant ; à l’aide d’un couteau vertical   Cette machine, construite par M. Otmar
         mobile,on coupe ensuite suivant la largeur un mor­
         ceau de bois, qui par suite des sections pratiquées   Walch, est disposée de manière que les allu­
         précédemment par les petits couteaux, se partage en   mettes puissent, après avoir été rangées en
        petites baguettes isolées. »
                                                   petites bottes (bolteléesf passer directement à
           De toutes ces machines, est sorti, après de   la mise en presse. Elle supprime un travail
        longues expériences, le rabot mécanique de   long et coûteux, qui était autrefois effectué à
        M. Otmar Walcb, constructeur de Paris. Cette   la main par de nombreuses ouvrières.
        machine fournit des tiges d’allumettes, ron­  La figure 249 représente cette machine,
        des ou carrées, de la longueur voulue et de   dont la légende donne l’explication.
        50 à 60 millimètres d’épaisseur, qui sont    Nous avons maintenant à décrire la ma­
        toutes prêtes à passer à la mise en presse. On   nière d’appliquer sur l’allumette le soufre et
        fait usage avec avantage de ce rabot princi­  la pâte inflammable.
        palement dans les pays qui n’offrent pas en   Pour provoquer la combustion du bois de
        abondance le bois de long fil, par exemple   l’allumette, il est. indispensable d’employer
        en France, où ce bois, recherché par la menui­  une substance intermédiaire, combustible
        serie de luxe, ne peut être employé à fabri­  elle-même, mais brûlant moins vite que la
        quer des allumettes que grâce à un débit   pâte inflammable, quand elle a été allumée
        méthodique et économique.                  par cette pâte. Le soufre et la stéarine sont
          Le rabot mécanique de M. Otmar Walch     dans ce cas.
        est représenté dans la figure 246. Le couteau,   Dans les petits ateliers, qui étaient si
        qui est l’outil principal, se compose de 20 à   nombreux en France avant la loi de 1871, on
        25 filières rondes ou carrées (fig. 247), selon   soufrait et on trempait les allumettes tout
        la forme à donner aux tiges d’allumettes. Ces   simplement à la main et voici la manière
        filières, rangées parallèlement ensemble, for­  d’opérer à la main.
        ment ainsi un seul couteau tranchant sur les   Le bain de soufre étant chauffé elle soufre
        bords. Ce couteau est monté sur un chariot   fondu, l’ouvrier prend la botte d’allumettes
        mobile, D (fig. 246), qui s’approche alterna­  et la plonge dans le soufre fondu comme
        tivement contre le morceau de bois et vient à   le représente la figure 249.
        chaque fois butter contre lui. C’est ainsi que   Après \esoufrage vient le trempage dans la
        les allumettes se taillent sur le bloc de bois.   pâte chimique phosphorée, colorée par une
        Un arbre coudé, A, commande une bielle, B,   matière minérale et renfermant, outre le
        qui, au moyen de la poulie, C, fait agir l’ins­  phosphore, un peu de gélatine, ou colle forte,
        trument tranchant. A chaque tour de l’arbre   pour faire adhérer la pâte au bout de l’allu­
        coudé, cette machine produit 25 allumettes   mette.
        rondes ou carrées, selon la forme des filières.   La figure 250 représente le trempage des
        Et comme l’arbre coudé fait 200 tours par   allumettes à la main. Comme la pâte est
        minute, ce rabot ne produit pas moins de   susceptible, étant ainsi appliquée, de former
        300,000 allumettes à l’heure, ou 3 millions   une couche générale sur la botte d’allu­
        par jour de 10 heures de travail.          mettes, et non une petite masse sur chaque
          Les allumettes taillées tombent dans un   allumette, un autre ouvrier prend la botte
        casier collecteur G.                       soufrée et trempée dans la pâte chimique
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