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                    de largeur, ayant une fente pour donner   baguettes rondes. Un morceau de bois de 3 centi­
                    passage à un couteau qui s’y élève et s’y   mètres de diamètre donne 400 baguettes, qui avec
                                                              une longueur de 1 mèlre fournissent chacune 15 al­
                    abaisse au moyên d’un levier. Un ouvrier peut   lumettes. La fabrication de ces 6000 morceaux dure
                    ainsi confectionner 400,000 ou 450,000 ba­  environ deux minutes.
                    guettes par jour.                           «Une autre machine, celle de Andrée et Cie, de
                                                              Magdebourg, agit plus à la manière d’un rabot :
                      M. Wagner, dans son Traité de chimie in­
                                                              trois fers sont fixés parallèlement entre eux et par
                    dustrielle, donne la description suivante des   suite agissent l’un après l’autre ; l’intérieur ne fait
                    principales machines à débiter le bois en   que préparer le bois, le second forme une moitié du
                                                              cylindre, et le troisième forme l’autre moitié. La
                    allumettes qui ont été employées jusqu’à
                                                              machine de C. Leitherer, de Bamberg (1851), qui
                    ce jour.                                  agit au moyen d’un fer de rabot tubulaire et quia
                                                              été nommée machine à rabot à chute, se compose
                      «Pelletier, de Paris, dit M. Wagner, construisit,   d’une boîte horizontale dans laquelle sont placés les
                    vers l’année 1820, une machine a raboter disposée de   blocs de bois brut avec les fibres dirigés verticale­
                    la manière suivante. Un rabot long de 36 centimètres   ment ; à chaque coup de rabot, les blocs sont poussés
                    et large de 9 se meut sur une table, en avant et en   de l’épaisseur d’une allumette au moyen d’un mé­
                    arrière, au moyen d’une bielle et d’une manivelle;   canisme particulier; devant cette boîte se trouve un
                    en se mouvant, il passe sur le morceau de bois placé   support vertical sur lequel se lève et s’abaisse le
                    sous lui, et qui se soulève de lui-même à une hau­  rabot. Un volant qui, à l’aide de courroies, est en
                    teur convenable. Le rabot contient un fer placé ver­  rapport avec l’arbre d’une roue de moulin, régula­
                    ticalement et muni inférieurement de 24 dents   rise le mouvement de la machine. Un rabot à chute
                    pointues; mais derrière ce fer se trouve un large fer   se compose de quatre fers munis chacun de 8 ou 10
                    de rabot ordinaire. A chaque coup de rabot le pre­  tubes. Lorsque l’appareil marche avec une vitesse
                    mier fait 24 rainures parrallèles à la surface du   moyenne, 45 coups de rabot se produisent en une
                    bois, et le deuxième, qui agit aussitôt après, enlève   minute, et il en résulte 810 à 830 petits copeaux
                    une lamelle de l’épaisseur voulue, qui par suite des   fournissant chacun 45 allumettes.
                    rainures faites précédemment se divise immédiate­  « Depuis quelques années on parle beaucoup de
                    ment en petites baguettes.                la machine à raboter de Wrana. Celte machine
                      « La machine de Cochot (1830) est construite de   imite, comme celle de Neukrautz, le rabotage à
                    manière à fournir un rendement considérable. Dans   la main, mais d’une manière plus parfaite, parce
                    celte machine, 30 blocs de bois de la grosseur d’une   que ici le rabot n’est pas fixe, mais maintenu par la
                    allumette sont fixés sur la périphérie d’une roue de   main de l’ouvrier. Il trouve cependant un point
                    fer de t mètre de diamètre; lorsqu’on fait tourner   d’appui sur une tringle qui est placée transversale­
                    la roue, les blocs de bois passent l’un après l’autre   ment au-dessus de la machine, et qui, suivant la
                    sur un petit cylindre garni de lames d’acier et qui   hauteur du morceau de bois que l’on emploie, peut
                    comme le rabot denté de la machine précédente   être élevée ou abaissée. Cette tringle servant de
                    fait des rainures parallèles ; immédiatement après   point d’appui au rabot maintenu avec la main fait
                    une lame de laiton droite et immobile enlève au   qu’il est possible de raboter du bois tordu et inégal
                    bois une lamelle, qui se trouve alors divisée en pe­  aussi promptement qu’à l’aide de la main. Le choc
                    tites baguettes. La machine de Jeunot, brevetée en   que doit lui donner l’ouvrier, avec le rabot à main,
                    France en 1848, a quelque analogie avec la précé­  pour obtenir des baguettes de la longueur du bois,
                    dente, relativement au mode d’action. Neukrautz,   est produit ici par la machine, et l’ouvrier n’a qu’à
                    de Berlin, a construit, en 1843, sur le même prin­  maintenir solidement le rabot et le mettre en posi­
                    cipe que le rabot à la main, une machine dans la­  tion convenable. D’après le même principe, il est
                    quelle 15 ou 20 liges se forment en même temps aux   aussi possible d’obtenir des baguettes avec des sec­
                    dépens du bois qui, à l’aide d’un chariot, est poussé   tions très-différentes. Ce qu’il y a d’essentiel dans
                    contre un fer tubulaire fixé solidement. Krutzsch,   l’invention de Wrana, c’est l’emploi de la tringle
                    de Wûnschendorf (dans le royaume de Saxe) a fait   comme point d’appui pour le rabot, quelle que soit
                    (1848) une intéressante application de ce moyen, en   du reste la forme qu’elle puisse avoir. Sans elle,
                    se servant d’une plaque d’acier percée d’un grand   c’est à peine s’il est possible (excepté à l’aide de la
                    nombre de trous (environ 400) aussi rapprochés que   main) de raboter le bois dans le sens des fibres.
                    possible les uns des autres. Contre celte plaque,   Dans la machine construite tout récemment par
                    dont les trous sont à bords tranchants, de ce côté,   Long, le débitage du bois est effectué de la manière
                    on pousse, au moyen d’une forte presse, un morceau   suivante : sur un chariot pouvant se mouvoir hori­
                    de bois dans la direction de ses fibres, puis on le tire   zontalement, on fixe solidement entre deux cylin­
                    à l’aide d’une sorte de pince et on le divise ainsi en   dres un bloc de bois, la direction des fibres étant
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