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LES ALLUMETTES CHIMIQUES. 5G7
été commencés à Vienne et l’année suivante 3° Allumettes de salon sans soufre. Un
à Paris. Mais ces essais basés sur l’emploi, si acide gras remplace le soufre.
dangereux, du chlorate de potasse, n’eurent 4° Allumettes de sécurité. Elles s’allument
aucun succès. 11 s’agissait donc, pour arriver sur un frottoir non phosphore, à l’aide d’une
à fabriquer des allumettes sans phosphore, friction vive et prolongée. En frottant sur la
de rendre le chlorate de potasse maniable même place, on arrive à déterminer l'in
industriellement. flammation.
Après de longues et patientes recherches, 5° Allumettes-bougies. Elles ne répandent
dit M. Stas dans son Rapport à l'Exposition | pas d’odeur désagréable. Elles s’enflamment
de 1855, que nous avons déjà cité, M. Canouil sur les corps durs.
réussit si bien à opérer la trituration, même 6e Papier chimique. Il est destiné aux fu
à sec, du chlorate de potasse que cette tri meurs.
turation était dans ses ateliers une opé 7° Un frottoir en verre dépoli peut en
ration inoffensive. Mais cela ne suffisait flammer toutes ces allumettes.
pas, il fallait encore que la pâte préparée | Les allumettes Canouil, dites sans phos
avec le chlorate de potasse ne produisît pas phore ni poison, possèdent toutes les qualités
d’émanations dangereuses, qu’elle ne fût pas j
des meilleures allumettes ordinaires au phos
explosible, qu’elle brûlât sans déflagration et I phore blanc, sans en avoir les inconvénients.
sans exposer à l’empoisonnement, enfin j Leur préparation est sans danger; elles ne
qu’elle se fixât facilement sur le soufre ou la sont pas vénéneuses. Elles s’allument facile
stéarine. Toutes ces conditions sont rem ment et sûrement, sans explosion ni projec
plies par la pâte de M. Canouil. Cette pâte ' tion. Leur inflammation spontanée n’est pas
brûle comme de la poudre humectée ; elle possible ; si on les projette sur un corps
fuse sans flamme. Elle est exempte de pro- ; chaud, le soufre fond et la pâte au chlorate
priétés toxiques, car l’inventeur cite un chien \ reste infusible tant que la température de
ie la race du Saint-Bernard qui, après en 150° n’est pas atteinte. Ces allumettes ne
avoir avalé plus d’un kilogramme, ne res dégagent pas d’odeur, même quand on pro
sentit qu’une soif ardente. Enfin il s’agissait cède à leur préparation. Si elles sont hu
encore d’augmenter ou de diminuer l’in mides, il suffit de les faire sécher à l’air
flammabilité de la pâte au chlorate, en lui pour leur rendre «es propriétés combus
ajoutant quelque autre substance et de pou tibles.
voir en produire en quantité suffisante pour Les allumettes dont il s’agit ne donnent
la consommation. Toutes ces exigences fu du feu que par l’intervention d’une ferme
rent satisfaites. volonté et d’une main adulte. Le frottoir spé
Voici les formules données par l’inven cial et inoffensif peut être remplacé, quand
teur, avec leurs usages spéciaux : il manque, sans recourir à quelque chose
1° Allumettes de ménage. Bois carré, d’étranger à l’allumette.
prompte inflammation, s’allumant sur tous Une commission nommée par le Comité
les corps rugueux. Le chlorate de potasse est consultatif d’hygiène publique de Paris, fit
additionné d’un peu de bioxyde de plomb, un rapport à la suite duquel un avis motivé
d’un bichromate ou d’un oxysulfure métal fut adressé au Ministre de l’agriculture, du
lique. commerce et des travaux publics. Les con
2° Allumettes rondes. Elles peuvent s’en clusions de cet avis étaient les suivantes :
flammer sur le papier de verre ou de sable
1° Les faits énoncés par le sieur Canouil sont
ou sur un corps dur. exacts;