Page 563 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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.564                    MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                   Cela n’était pas possible avec l’oxyde de   perposée. Le feu produit par la pâte se
                    plomb, mais il trouva que l’azotate de plomb,   transmet au soufre, qui, à son tour, le com­
                   surtout quand on le mêle au bioxyde du     munique au bois de l’allumette.
                   même métal, est encore un oxydant éner­      J. Preshel fabriqua aussi des allumettes
                   gique du phosphore. Ce mélange fut donc    chimiques en cire, comme objet de luxe.
                   employé dans la pâte des allumettes, et ce   Cette fabrication avait commencé dès l’an­
                   procédé se généralisa.                     née 1833. .
                      Dès lors, de nombreuses fabriques s’éle­  Pendant longtemps, la France s’approvi­
                   vèrent dans toute l’Autriche, alors que dans   sionna d’allumettes chimiques à Vienne et à
                   le reste de l’Europe cette fabrication laissait   Prague. Le nom à?allumettes chimiques alle­
                   encore beaucoup à désirer.                 mandes était donc bien justifié. Vers 1846,
                     A Fancfort-sur-le-Mein, le docteur Bœtt-   le chlorate de potasse était encore presque
                   ger fit connaître la composition dont il vient   uniquement employé chez nous pour la fa­
                    d’être question. Il publia même la formule   brication des allumettes chimiques phospho-
                   d’une pâte à allumettes sans chlorate de po­  riques. Mais ces allumettes étaient bien im­
                   tasse ; c’était la suivante :              parfaites et produisaient des déflagrations
                      9 parties de phosphore,                 dangereuses. En raison de l’imperfection de
                      14 d’azotate dç potasse,                cette industrie en France, M. Péligot adressa,
                      16 de peroxyde de manganèse,            en 1847, un rapport à la chambre de Com­
                      16 de gomme.                            merce de Paris, dans lequel il faisait con­
                      En 1844, Bœttger indiqua une autre pâte   naître l’état de l’industrie des allumettes
                   formée de 4 parties de phosphore, 10 d’a­  chimiques en Autriche.
                   zotate de potasse, 6 de gélatine, 3 de mi­   La description donnée par M. Péligot des
                   nium ou d’ocre rouge et 2 de smalt. Cette   procédés employés à Vienne et à Prague,
                   pâte, qui est peu coûteuse, brûle sans déto­  changea complètement notre fabrication.
                   nation ni projection.                      Le chlorate de potasse fut entièrement exclu
                      Cependant le mélange d’azotate de plomb   de la pâte des allumettes; on adopta la re­
                   et de bioxyde de plomb est préférable,     cette allemande et nos allumettes chimiques
                   comme attirant moins l’humidité de l’air.   devinrent tout aussi bonnes que celles de
                   En outre, l’oxyde de plomb n’est pas nuisi­  l’Allemagne.
                   ble à la combustion comme le carbonate de    L’Angleterre demeura, sous ce rapport,
                   potasse qui reste après la combinaison du   plus en retard que la France. Le chlorate
                   dernier mélange dont nous avons cité la    de potasse est encore aujourd’hui en usage
                   formule.                                   dans plusieurs fabriques de ce pays. Jus­
                      La pâte à la colle forte du docteur Bœtt­  qu’en 1855, la consommation annuelle du
                   ger est bien meilleure que celle à la gomme,   chlorate de potasse s’élevait, en Angleterre,
                   parce qu’elle est moins hygrométrique.     à 26,000 kilogrammes, et ce chiffre serait
                     Avant 1842, J. Preshel avait entouré sa   beaucoup plus élevé si l’Angleterre n’impor­
                   pâte d’un vernis à la résine qui empêchait   tait pas d’allumettes chimiques. Ainsi, en
                   l’humidité et les émanations des vapeurs de   1862, la consommation des allumettes a
                   phosphore; en 1842, il la remplaça par la   été en Angleterre de 250,000,000, dont
                   dextrine. A cette date, la gélatine était en­  200,000,000 étaient importées.
                   core utilisée à Prague.                      Les allumettes chimiques anglaises con­
                      Le soufre recouvre l’un des bouts de l’al­  tiennent une plus forte proportion de phos­
                   lumette et la pâte inflammable lui est su­  phore que tes allumettes allemandes. En
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