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BOISSONS GAZEUSES. 415

contenant l’eau destinée à dissoudre le gaz'. queurs. Lorsque la bière est éventée ou est
En 1768, Lane et Priestley imitaient les devenue plate, on peut la ranimer par ce
eaux de Selters en saturant l’eau pure de gaz moyen. »
acide carbonique provenant de la fermen­ Priestley comprenait, d’ailleurs, le rôle
tation de la bière, et dissolvant ce gaz dans important que devait jouer l’industrie des
l’eau à l’aide d’un vase approprié. Pour ren­ boissons gazeuses.
dre l’eau ferrugineuse, ils ajoutaient à l’eau
« Le but que s’est proposé le docteur Priestley
un morceau d’acier dont l’oxydation fournis­
eo publiant son ouvrage, dit Y Histoire de l’Aca­
sait un sel de fer soluble. demie des sciences de Paris, a été de faciliter les
Priestley, perfectionnant et simplifiant moyens d’employer l’air fixe contre les maladies qui
les procédés de Haies, de Black et des au­ viennent de la corruption, surtout contre le scorbut
de mer, en donnant un moyen sûr de se procurer
tres savants, qui l’avaient précédé dans cette
en peu de temps une assez grande quantité d’eau
voie, inventa un appareil susceptible jus­ (ri!S-chargée de cette matière. »
qu’à un certain point d’applications indus­
trielles. Le gaz obtenu dans un vase à deux Les chimistes français n’apportaient pas
ouvertures, par la réaction de l’acide sul­ moins d’ardeur que les savants des autres
furique sur la craie délayée dans l’eau, était nations à étudier le gaz qu’on appelait en­
amené, par un tuyau flexible, dans une ves­ core air fixe, et à chercher les meilleurs
sie ou dans un vase renversé sur l’eau ; moyens de le dissoudre dans l’eau, pour en
puis il passait, par la pression que l’on opé­ former une boisson gazeuse à la fois agréa­
rait sur la vessie ou le vase, dans un flacon ble et hygiénique. Bucquet composa le ré­
contenant le liquide qu’il devait saturer, et servoir destiné à recevoir l’eau à saturer le
dont le goulot était également renversé dans gaz de deux calottes métalliques mises l’une
un bassin plein d’eau. Lorsque l’arrivée du sur l’autre, et il disposa la partie supérieure
gaz avait fait baisser le niveau du liquide de manière à introduire un baromètre des­
dans le flacon, Priestley agitait vivement le tiné à indiquer, comme le manomètre ac­
flacon; le gaz se dissolvant, le liquide re­ tuel, la pression intérieure du gaz. Bouelle
montait aussitôt. 11 agitait alors le vase employa un vase à deux tubulures, pour re­
contenant le mélange d’acide sulfurique cevoir le mélange de craie et d’acide sulfu­
et de craie, une nouvelle quantité de gaz rique, et l’appela bouteille du mélange. Le
se dégageant arrivait dans le flacon, dont réservoir contenant l’eau et les substances
l’eau, après quelques minutes d’agitation, destinées à être exposées à l’action du gaz
avait absorbé le gaz. Ces diverses manipula­ acide carbonique, fut nommé par lui bou­
tions étant répétées deux ou trois fois, l’eau teille de réception.
était prête pour l’usage. On la conservait En 1780, le chimiste allemand Berg-
dans les mêmes bouteilles bien bouchées, mann donna plusieurs méthodes pour imi­
goudronnées et tenues dans une position ter artificiellement les eaux de Seltz, de
renversée. Pyrmont et de Spa. Il ajouta au vase conte­
Priestley, dans la note qui explique son nant l’eau que l’on voulait saturer d’acide
procédé, indique les proportions qu’on doit carbonique, un agitateur, composé de qua­
employer d’acide et de craie, et il termine tre palettes, que l’on mettait en mouvement
ainsi ses instructions : de l’extérieur, au moyen d’une poignée.
« Notre méthode peut servir pour donner A la même époque, le docteur Nooth in­
de l’air fixe (gaz acide carbonique) au vin, à ventait les premiers appareils portatifs d’où
la bière et à presque toutes les autres li­ sont découlés tous les appareils dits de