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414                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                   publiée à Amsterdam, en 1720, par le      le chimiste allemand Hoffmann, qui dé­
                   même auteur : « B... n’est autre que l’apo­  couvrit ce gaz dans l’eau de Selters et dans
                   thicaire Barbereau, qui a amassé du bien en   celle d’Ega.
                   vendant de l’eau de la rivière de Seine pour   Fait assez curieux, Hoffmann eut aus­
                   des eaux minérales. »                     sitôt l’idée d’imiter artificiellement l’eau de
                     Barbereau n’était pas le seul qui se livrât   Seltz.
                   à ce commerce. Le Livre des adresses, pu­
                   blié en 1692, par de Blegny, apothicaire et   « En mettant, dit Hoffmann, dans un vase à col
                                                             étroit plein d’eau bien pure de l’alcali et ensuite de
                   fils du médecin du roi, indique «le sieurTil-
                                                             l’acide vitriolique, en bouchant promptement la
                   lesac, rue de la Bûcherie, comme vendant   bouteille pour retenir l’esprit minéral qui se
                   toutes sortes d’eaux minérales. »         forme par l’effervescence et en agitant le vase qui
                                                             contient le mélange, on se procurera une eau arti­
                     Nicolas Lémery, dans son Cours de chimie,
                                                             ficielle entièrement semblable aux eaux acidulées
                   publié en 1693, donne la composition du   des sources. »
                   soda water, ou de l’eau de Seltz préparée
                   avec des poudres effervescentes que l’on mê­  Presque en même temps (1750), Haies
                   lait à l’eau, absolument comme on le fait   et Black prouvaient, par des expériences
                   aujourd’hui.                              directes, que le gaz sylvestre contenu dans
                                                             les eaux minérales, est le même que celui
                    « On peut contrefaire, dit Nicolas Lémery, une   que l’on obtient en décomposant les carbo­
                   eau minérale très-salutaire, en faisant fondre dans   nates. Haies et Black donnaient les moyens
                   une livre et demie d’eau, six dragmes de sel végétal;
                   on donnera celle eau à boire en un matin, à jeun,   de recueillir et de mesurer ce gaz.
                   verre à verre, de quart d’heure en quart d’heure,   En 1775, Vend, professeur à l’Univer-
                   en observant de se promener. Le remède purgera   sité de Montpellier, enseigna le premier la
                   sans échauffer le malade. On peut faire une eau
                   minérale apérifive en dissolvant huit ou neuf grains   manière de composer une eau gazeuse arti­
                   de grilla vitr.oli dans deux livres d’eau. »  ficielle. Il imagina de séparer les matières
                                                             dans la bouteille, de manière qu’elles ne
                     Le sel végétal de Nicolas Lémery était   fussent mises en contact qu’après le bou­
                   notre tartrate de potasse ou de soude, et le   chage. « On obtient ainsi, disait Venel, une
                   grilla vitrioli le sulfate de fer. Ces éléments   eau non-seulement analogue à celle des
                   entrent dans la préparation du soda-water   sources de Selters, mais encore plus char­
                   des Anglais de nos jours, et ils devaient   gée. »
                   probablement servir à la fabrication des    Jusque-là, on n’avait songé, pour imiter
                   eaux ferrugineuses pour lesquelles Jenny et   les eaux minérales naturelles, qu’à mélanger
                   Oward prirent un brevet en 1683.          avec l’eau des substances faisant efferves­
                     A cette époque, c’est-à-dire à la fin du   cence par leur action mutuelle. Le docteur
                   xvit6 siècle, le gaz acide carbonique n’était   Bewley fit faire à cette fabrication un pas
                   pas encore découvert. Ce fut le chimiste Van   immense, en imaginant d’imiter l’eau de
                   Ilelmont qui, le premier, reconnut l’exis­  Selters en saturant l’eau avec le gaz produit
                   tence du gaz acide carbonique dans la plu­  dans un vase à part, par la réaction de l'a­
                   part des sources naturelles. Van Ilelmont fit   cide sulfurique sur du carbonate de potasse.
                   du gaz acide carbonique, qu’il appela gaz   Il mettait pour cela le sel de tartre (carbo­
                   sylvestre, ou air fixe, une étude remar­  nate de potasse) dans un vase à deux ouver­
                   quable pour son temps. Le gaz sylvestre, ou   tures, versait par l une des tubulures l’acide
                   air fixe de Van Helmont, fut bientôt si­  sulfurique, et le gaz, se dégageant par la se­
                   gnalé dans plusieurs eaux minérales. Ce fut |  conde tubulure, arrivait dans la bouteille
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