Page 418 - Les merveilles de l'industrie T3 Web

BOISSONS GAZEUSES. 419

rique qu'il a pu entraîner avec lui. Pour ef­ On connaît la quantité de gaz qui a été
fectuer ce lavage, on se sert d’un tonneau introduite dans le récipient G, en mesurant
en bois, C, étroit et profond. Un tube amène au moyen d’une règle graduée, L, dont le
le gaz jusqu’au fond du tonneau, qui est gazomètre est pourvu, le volume de gaz
rempli d’eau. Le gaz à son arrivée est obligé qui a été refoulé. La pression intérieure
de traverser un diaphragme percé de petits est constatée au moyen du manomètre M
trous placé au fond du tonneau ; il s’y di­ plongeant dans le récipient.
vise en très-petites bulles, et présente ainsi L’établissement de Gosse et de Paul à
beaucoup de surface à l’eau qui doit le dé­ Genève, prit une grande extension, car en
barrasser de la petite quantité d’acide qu’il 1796 on n’y fabriquait pas moins de qua­
a entraînée. rante mille bouteilles d’eau de Seltz par
Un autre tube, T, partant de la partie su­ an.
périeure du tonneau-laveur, C, amène dans En 1799, Paul se sépara de Gosse, son as­
le gazomètre l’acide carbonique. socié de Genève, et vint ouvrir à Paris, rue
Le gazomètre se compose d’un grand vase Montmartre, un établissement dans lequel il
cylindrique, D, en tôle ou en cuivre étamé, fabriquait de l’eau de Seltz artificielle, ainsi
que l’on remplit d’eau, et d’une cloche ren­ que d’autres eaux minérales factices. Il pré­
versée en tôle, E,quiesttenue en équilibre au parait : de l’eau de Seltz, — de l’eiu de Spa,
moyen d’un contre-poids. Le gaz arrive dans — de l’eau alcaline gazeuse, — de l’eau de
la cloche par le tube, T ; il en sort par un Sedlitz, —de l’eau sulfureuse, — de l’eau
autre tube placé au bas de la cloche quand oxygénée, c’est-à-dire contenant la moitié
on met en action la pompe aspirante et de son volume de gaz oxygène, — et de l’eau
foulante. hydrogénée, c’est-à-dire contenantle tiers de
Cette pompe, F, mue à la main au moyen son volume de gaz hydrogène.
de la tige P, puise le gaz acide carbonique En 1820, Paul créa, près du jardin de Ti­
dans le gazomètre et le refoule dans le ré­ voli, un second établissement, qui fut dirigé
cipient, G. avec beaucoup d’intelligence par Tryaire,
Quand on veut opérer, on remplit com­ son associé, ensuite par Jurine.
plètement le tonneau avec de l’eau pure, et En 1820, Fétablissement des eaux minéra­
l’on ferme toutes les ouvertures, à l’excep­ les de Tivoli passa entre les mains d’un au­
tion du robinet du tube, T. Alors, au moyen tre industriel, Andéoud, qui perfectionna
de la pompe, on commence à refouler de dans beaucoup de détails Vappareil de Ge­
l acide carbonique. nève. 11 composa le producteur de gaz acide
A mesure qu’on l’introduit dans le ton­ carbonique d’une bonbonne en plomb à
neau, le gaz carbonique s’accumule à la trois tubulures; dans la tubulure du milieu
surface de l’eau, et il se dissout ensuite fa­ était placé l’axe de l’agitateur.
cilement à l’aide du mouvement imprimé L’appareil de Genève présentait cependant
par l’agitateur H. 11 est utile d’entretenir de graves inconvénients. 11 fournissait une
l’agitation pendant tout le temps que dure eau gazeuse qui s’affaiblissait au fur et à
l’introduction du gaz, parce que le jeu des mesure que le tirage avançait, parce que
pompes est alors plus facile. la condensalion et la pression des gaz deve­
11 est bon de placer l’appareil dans un lieu naient moindres à mesure que l’eau était
frais, et qui conserve, été comme hiver, une tirée. En outre, il forçait d’interrompre le
température moyenne favorable à l’absorp­ tirage, tantôt pour remplir de gaz et d’eau
tion du gaz. le récipient, tantôt pour produire le gaz et