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BOISSONS GAZEUSES.                                423


        à pédale; on engage son goulot dans le ba-   tive. On prenait un bouchon un peu conique
        guin ou capsule du robinet, et il suffit de   et trempé dans l’eau ; on le faisait pénétrer
        peser un peu sur la pédale, pour qu’en ap­  vivement, en le tournant un peu, dans le
        puyant contre la rondelle de cuir ou de    goulot, et on achevait de l’enfoncer en le
        caoutchouc qui garnit l’intérieur de la cap­  frappant de deux ou trois coups de batte.
        sule, on obtienne un bouchage hermétique.   Une ficelle servait à l’assujettir. Ce n’est
        L’ouvrier ouvre alors, la soupape du robi­  qu’à la période suivante que nous verrons
        net, et l’eau jaillit dans la bouteille, jus­  employer la machine à boucher.
        qu’à ce que la pression qui se produit l'em­
         pêche de se remplir. Un léger mouvement     Le système de Vernaut et Barruel fut sim­
        de bascule, dégageant le goulot, donne une   plifié et modifié avec beaucoup d’avantages
         rapide issue à l’air atmosphérique com­   par Savaresse. La figure 17G représente l’ap­
         primé avec le gaz. Le tireur ouvre de nou­  pareil de Savaresse, qui n’est, comme on va
        veau le robinet, recommence s’il le faut le   le voir, qu’un perfectionnement de l’appa­
         même dégagement, et passe vivement la     reil à cylindre oscillant de Vernaut et Bar-
         bouteille, quand elle est pleine, à l’ouvrier   rucl.
        chargé du bouchage.                          A, est le vase plein d’acide sulfurique
           Un tireur habile peut ainsi remplir de   étendu d’eau dans lequel le gaz est produit.
        cent cinquante à deux cents bouteilles par   On donne à la craie qui doit être décom­
         heure, et un appareil mû à bras et satu­  posée par l’acide sulfurique la forme d’une
         rant d’acide carbonique l’eau du récipient,   longue cartouche, que l’on introduit dans le
         peut alimenter deux robinets de tirage et   tube CB, qui surmonte le vase A, plein d’acide
         donner, en moyenne, trois cent cinquante   sulfurique. Cette cartouche de craie ne peut
         bouteilles par heure. Les plus puissants ap­  avoir le contact de l’acide qu’autant qu’un
         pareils alors connus n’en donnaient guère   levier étant mis en mouvement par la ma-
         plus dans une journée.                  1 nivelle, C, brise son extrémité et fait tom-
           Soubeiran modifia ce robinet en 1836. 11   ber un peu de carbonate de chaux dans l’a-
         voulut pouvoir établir l’égalité de pression  , eide. Le dégagement de gaz est ainsi réglé
         dans l’intérieur de la bouteille et l’intérieur   facilement. F et F' sont deux laveurs, conte­
         du récipient saturateur. Pour cela, il plaça   nant de la braise de boulanger, arrosée d’une
         dans le robinet deux tubes. L’un, destiné à   dissolution de bi-carbonate de soude. G, est
         amener le liquide, s’ouvrait au fond du ton­  le manomètre ; J, le cylindre qui contient
         neau; l’autre, simplement destiné à établir  l’eau et qui reçoit le gaz. P, est le robinet
         l’égalité de pression, s’ouvrait au-dessus du   qui ouvre et ferme la communication entre
         liquide. La clef de ce robinet était percée   la première et la seconde partie de l’appareil ;
         de deux ouvertures, elle ouvrait et fermait   N, est le robinet pour mettre en bouteilles.
         à la fois les deux conduits. De cette manière,   Formé dans le vase A, le gaz carbonique
         le liquide arrivait sans agitation dans la bou­  est amené dans les laveurs F,F', et de là dans
         teille ; mais il y avait cet inconvénient grave   le récipient J, où il doit se dissoudre. Le ma­
         que l’air atmosphérique contenu dans la   nomètre indique à chaque instant quelle
         bouteille pouvait pénétrer dans le satura­  est la pression, et sert de règle pour hâter
         teur et nuire ainsi à la fabrication et à la   ou ralentir le dégagement du gaz.
         qualité des eaux.                           Pour faire marcher cet appareil, on rem­
           Quant au bouchage de la bouteille, il s’o­  plit d’eau le récipient. J ; on introduit l’a­
         pérait encore de la manière la plus primi­  cide dans le vase, A, et la cartouche de
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