Page 426 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
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BOISSONS GAZEUSES. 427
minérales artificielles, ou, si on le veut, tous les organes sur un même bâti, et en
d’imiter les eaux minérales naturelles pour régularisant la production du gaz, de ma
l’usage des pharmacies, en dissolvant les sels nière que la quantité produite ne pût ja
dans le récipient-saturateur, plutôt que de mais dépasser celle déterminée à l’avance
fabriquer de l’eau purement gazeuse à l’u d’après la force de résistance des parois de
sage de l’industrie. l’appareil, et que toute explosion fût ainsi
L’appareil de Soubeiran et Boissenot con impossible.
sistait en deux grands flacons à trois tubu Nous avons décrit plus haut l’appareil de
lures. Le premier contenait du marbre et Savaresse.
de l’acide chlorhydrique étendu d’eau ; il De tous les systèmes a pression chimique,
communiquait par deux tuyaux en plomb celui de Savaresse était le mieux combiné.
avec le second, qui était rempli d’une dis La cartouche, l’introduction de l’acide,
solution de potasse. Le gaz se rendait par l’aménagement de tous les organes sur un
un seul tuyau, de ce laveur au fond de la même établi, le tirage mécanique, et les
cuve d’un gazomètre, et subissait un second vases siphoïdes, forment un ensemble d’in
lavage, en traversant la masse d’eau que ventions qui assignent une place très-hono
contenait cette cuve, pour se rendre sous la rable à Savaresse, parmi tous ceux qui ont
cloche. La pompe, mise en mouvement par contribué au progrès de l’industrie des bois
un balancier, comprimait le gaz dans un sons gazeuses.
tonneau en cuivre étamé. Un agitateur, com 11 faut, d’ailleurs, pour bien juger le mé
posé d’un volant en fonte, facilitait la dis rite de ces inventions, se reporter à l’époque
solution du gaz. à laquelle elles furent faites, c’est-à-dire en
Soubeiran perfectionna les dispositions 1837 ou 1838, et se rappeler les circons
du producteur d’acide. 11 y ajouta deux tu tances dans lesquelles elles se produisirent.
bulures, l’une pour le remplir, l’autre pour On comprendra alors la vogue qui les ac
le vider. Un tuyau en plomb, mettant en cueillit, et qui ne les abandonna que lorsque
communication l’atmosphère du cylindre et les besoins de la consommation eurent rendu
celle de ce réservoir, établissait entre les complètement insuffisants les appareils in
deux capacités Légalité de pression. Un ro termittents à pression chimique.
binet latéral réglait l’écoulement de l’acide. Le système de Savaresse donna naissance
Un autre conduit en plomb, qui traversait à un grand nombre d’imitations ; mais au
le pot à acide, donnait passage à la tige d’un cune ne réalisait une combinaison qui mé
agitateur vertical en cuivre, recouvert de rite d’être signalée. Beaucoup d’appareils,
plomb, qui servait à opérer le mélange des au contraire, étaient défectueux, et quel
matières gazéifères. Soubeiran employait un ques-uns occasionnèrent, par leur explosion,
gazomètre gradué, qui portait sur les parois de tels accidents qu’il fallut renoncer à leur
de la cloche une échelle servant à marquer emploi.
le volume de gaz qu’elle renfermait. Enfin Un autre constructeur, M. Ozouf, ne
il apporta au robinet de tirage les change contribua pas moins que Savaresse, pen
ments remarquables que nous avons in dant la période de 1832 à 1835, aux pro
diqués. grès de l’industrie qui nous occupe. 11
Savaresse,auquel l’industrie doit,entre au s’appliqua, comme Soubeiran et Boissenot, à
tres inventions remarquables, celle du vase perfectionner le système de Genève, et tenta
siphoïde, s’attacha à perfectionner l’appa de combiner la compression chimique avec
reil de Vernaut et Barruel, en réunissant la continuité de fabrication ou plutôt de