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                   tinue aux systèmes intermittents. Mais l’ap­  vant toujours submergé, retient mieux le
                   pareil anglais était encore peu répandu, et   liquide, avantage d’autant plus précieux que
                   n’était pas considéré comme suffisamment   cette pompe a un effet continu, puisqu’elle
                   pratique pour entrer dans l’industrie fran­  refoule en même temps l’eau, de sorte qu’au
                   çaise.                                     fur et à mesure qu’on tire le liquide, pour le
                     Cet appareil était pourtant en usage en   mettre en bouteilles, la pompe alimente
                   Angleterre, depuis l’année 1830. On le fa­  dans les mêmes proportions le réservoir
                   briquait à Londres, dans les ateliers de   d’eau. La saturation de l’eau par l’acide car­
                   Taylor ; mais il n’était guère employé hors   bonique se fait à l’aide d’un agitateur qui
                   de l’Angleterre. C’est vers 1832 que l’on   est mis en mouvement par le jeu même de
                   commença à l’introduire en France, et l’on   la pompe.
                   comprit alors que dans le système de fabri­  Tel est le principe général de Vappareil
                   cation continue résidait l’avenir de la fabri­  continu de Bramah.
                   cation des boissons gazeuses.                La figure 177 représente l’appareil de Bra­
                     La grande invention de Bramah, celle qui   mah. E est le producteur de gaz. C’est un
                   fait le mérite de son appareil, c’est le robi­  cylindre de plomb contenant la craie dé­
                   net de la pompe qui permet d’aspirer à vo­  layée dans l’eau. Il est surmonté d’un vase
                   lonté, successivement ou simultanément, de   plus petit, D, également en plomb, conte­
                   l’eau ou du gaz acide carbonique dans le gazo­  nant de l’acide sulfurique. Un robinet sert
                   mètre, pour les refouler dans le saturateur.   à introduire l’acide sulfurique du vase D,
                   Quand la pression est considérable dans le   dans le producteur, E. Ce dernier vase est
                   récipient-saturateur, il est difficile d’y in­  pourvu d’une boîte à étoupes, par laquelle
                   troduire de nouveau gaz, malgré l’action de   passe la tringle de l’agitateur. Un tuyau en
                   la pompe. Cela tient à deux causes : d’abord   plomb conduit le gaz du producteur E, au
                   il devient presque impossible de refouler du   laveur F, d’où il passe au gazomètre G. Un
                   gaz quand on est arrivé à plus de six atmo­  châssis de fer porte la cuve et le gazomètre,
                   sphères par le jeu d’une pompe à piston,   et les lie solidement ensemble au moyen de
                   qui, à une aussi forte pression, cesse de fer­  trois montants en fer forgé. Deux poulies
                   mer exactement. Ensuite le calorique latent   soutiennent la corde et un poids maintient
                   du gaz mis en liberté par sa compression,   le gazomètre. O, est la pompe qui introduit
                   n’ayant pas le temps d’être absorbé par les   dans le récipient saturateur N, tantôt le gaz,
                   corps environnants, réagit sur le gaz lui-   puisé dans le gazomètre par le tube K, tantôt
                   même au moment où l’on remonte le piston,   l’eau, aspirée par le tube L, dans un ba­
                   en sorte que le mouvement de la pompe est   quet. Un agitateur, R, et un manomètre, M,
                   arrêté. Quand la pression est assez forte, le   complètent l’appareil.
                   gaz se comprime et se dilate sans sortir du   Soubeiran, directeur de la Pharmacie
                   corps de pompe.                           centrale de Paris, qui s’était occupé avec
                     Ces inconvénients disparurent entière­  beaucoup de soins de la fabrication des eaux
                   ment par l’heureuse idée qu’eut Bramah, de   minérales factices, ne comprit pas suffisam­
                   renverser le corps de pompe en plaçant le   ment tous les avantages du système de Bra­
                   piston en dessous, et d’y adapter un collier   mah. 11 s’appliqua, avec Boissenot, à perfec­
                   en cuir semblable à celui dont il avait fait   tionner, non l’appareil anglais, mais celui
                   l’application aux pompes hydrauliques.    de Genève. On s'étonne de cette préférence
                     Ainsi modifiée, la pompe aspire en même   et il faut, pour se l’expliquer, se rappeler que
                   temps de l’eau et du gaz, et le collier se trou­  Soubeiran se proposait de préparer les eaux
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