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                    serve, comme une sorte de monument his­   métal, sillonné d’une vis : la tête de ce
                    torique, dans la pharmacie de mon frère,   bouchon est carrée et peut être serrée faci­
                    O. Figuier, à Montpellier.                lement au moyen d’une clef; a, est une au­
                      Au commencement de notre siècle, l’eau   tre ouverture à laquelle s’adapte le tube qui
                    de Seltz était donc un véritable produit   introduit dans le tonneau le gaz refoulé par
                    pharmaceutique : elle ne se délivrait guère   la pompe à air, F. M est le manomètre qui
                    que sur l'ordonnance du médecin.          fait connaître l’état de la pression à l’inté­
                      La fabrication de l’eau de Seltz artificielle   rieur du tonneau. Un agitateur à palettes
                    avait pris à Genève une certaine extension.   porté sur un axe qui traverse le tonneau à
                    Deux pharmaciens associés, Gosse et Paul,   la moitié de sa hauteur, et que l’on peut
                    s'attachèrent à perfectionner celte fabrica­  mouvoir au moyen d’une manivelle, H, sert
                    tion, et créèrent un appareil remarquable   à mettre l’eau en mouvement, pour faciliter
                    pour cette époque, qui reçut le nom A'appa­  la dissolution du gaz.
                    reil de Genève.                             A, est le vase dans lequel se produit l’a­
                      Gosse et Paul préparaient d’abord l’acide   cide carbonique par l’action de l’acide sul­
                    carbonique en décomposant la craie (carbo­  furique sur la craie. On pulvérise la craie,
                    nate de chaux) par la chaleur; mais ils ne   on la délaye dans trois parties et demie d’eau,
                    tardèrent pas à traiter la craie par l'acide   de manière à faire une bouillie claire, et on
                    sulfurique qui, à froid, en dégage l’acide   l’introduit dans le vase de plomb, A.
                    carbonique. Le gaz ainsi produit traversait   Un vase plus petit, B, est placé au-dessus
                    des tonneaux renfermant de l’eau, où il se   du premier, avec lequel il est soudé, et sert
                    lavait et se rendait dans un gazomètre. Là,   de réservoir à l’acide sulfurique. On fait
                    une pompe aspirante et foulante le dirigeait,   tomber l’acide sur la craie en ouvrant un
                    en le comprimant, dans un vaste récipient   robinet.
                    saturateur muni d’un agitateur, et conte­    Il importe que la pression soit la même
                    nant la quantité d’eau qu’on voulait saturer.   dans le vase à acide et dans le vase où se fait
                    Les matières salines qu’il fallait ajouter à   le dégagement du gaz. Sans cela, quand on
                    l’eau, pour imiter différentes eaux minérales,   ouvre le vase à acide, il y aurait des pro­
                    étaient mises dans le récipient, et quelque­  jections au dehors de l’acide sulfurique, ce
                    fois introduites en poudre dans les bouteil­  qui serait dangereux pour l’opérateur. On
                    les. L’eau dissolvait naturellementun volume   évite cet inconvénient en établissant une
                    de gaz acide carbonique égal au sien ; la com­  communication entre l’atmosphère des deux
                    pression opérée au moyen de la pompe et le   vases, au moyen d’un tuyau en plomb t qui
                    jeu de l’agitateur augmentaient la satura­  va du vase à acide, B, au vase décomposi-
                    tion. On soutirait alors l’eau gazeuse, et, lors­  teur, A.
                    que le récipient était vide, on commençait   Cette disposition n’existait pas dans l’ap­
                    une nouvelle opération.                   pareil primitif de Genève : elle fut imaginée
                      La figure 174 représente l’appareil dit de   à Paris, par Soubeiran. Elle prévient les
                    Genève. Dans cet appareil, le tonneau G, qui   accidents qui résultaient trop souvent du
                    reçoit l’eau et le gaz, est en cuivre étamé,   maniement du vase à acide; c’est-à-dire les
                    d'une grande épaisseur, afin de résister à   projections d'acide sulfurique au visage cl
                    la pression. Sa capacité est d’environ cent   sur les mains de l’opérateur.
                    litres. Ce tonneau métallique est muni en   Le lavage du gaz acide carbonique es!
                    haut d’une ouverture, qui sert à introduire   upe opération importante : il a pour effet de
                    l’eau, et qui se ferme par un bouchon de   débarrasser ce gaz des portionsd’acide sulfu­
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