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324                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                        M. Belgrand basa tout son système sur    sont plus élevés dans l’échelle géologique
                      un principe dont la suite des études dé­   que les gypses. On trouve donc d’excellentes
                      montra la parfaite exactitude. Il admit que,   sources dans le fond des vallées de la
                      dans toute l’étendue d’une même formation   Beauce; les principales alimentent les ri­
                      géologique homogène, la composition chi­   vières de Juine et d’Essonnes. Malheureuse­
                      mique des matières en dissolution dans l’eau   ment, ces rivières font tourner des usines
                      ne doit pour ainsi dire pas varier. Ainsi,   tellement importantes, qu’on ne saurait son­
                      selon lui, dans toute l’étendue de la craie   ger à les dériver vers Paris.
                      blanche de la Champagne, les eaux de         Ainsi, soit qu’on remonte la Marne, soit
                      source devaient être de même qualité ; il   qu’on suive les bords de la Seine, les deux
                      devait en être de même dans les terrains   seules voies, en définitive, par lesquelles on
                      non gypsifères de la Brie, etc. 11 suffisait   puisse faire passer un aqueduc dirigé vers
                      donc de faire l’analyse d’un petit nombre   Paris, on ne trouve des eaux de bonne qua­
                      d’échantillons d’eau provenant de chaque   lité ou disponibles pour la capitale que dans
                      formation géologique, pour connaître la    le bassin de la Marne, au delà de Château-
                      composition de toutes les eaux de source   Thierry, et dans celui de la Seine, au delà
                      qui s’y trouvaient.                       de Fontainebleau, c’est-à-dire à très-peu de
                        C’est ainsi que M. Belgrand put faire une   distance des points où commence à se mon­
                      excellente classification des sources du bas­  trer la craie blanche qui couvre les plaines
                      sin de la Seine sous le rapport de leur com­  de la Champagne.
                      position chimique.                           Dans cette dernière région se trouvent
                        Ces eaux ont été divisées parM. Belgrand,   un grand nombre de sources d’excellente
                      quant à la disposition géologique du bassin,   qualité, et assez abondantes pour alimenter
                      en huit régions.                          Paris. Des analyses faites au laboratoire des
                        De ces huit régions, la plus rapprochée   Ponts et Chaussées et de l’Ecole normale,
                      de Paris se trouve dans toute l’étendue de   sous la direction de MM. Mangon et Henri
                      la Brie. Ses eaux, soutenues par la couche   Sainte-Claire-Deville, démontrèrent que ces
                      d’argile verte dont on voit des affleure­  eaux ne contenaient pour ainsi dire que du
                      ments au-dessus de Montmartre et des buttes   carbonate de chaux, et même en quantité
                      Chaumont, alimentent cette multitude de   moindre que l’eau de Seine. C’est donc sur
                      jolies sources qui entretiennent une si riche   ces eaux que dut se fixer le choix de l’admi­
                      verdure sur les coteaux de Bougival, Saint-   nistration.
                      Cloud, Ville-d’Avray, Bellevue, Brunoy, etc.   Après avoir soumis à l’examen chimique
                      Malheureusement, une immense lentille de   les principales sources de ces vallées cham­
                      gypse s’étend sur toute la surface du bassin   penoises, M. Belgrand proposa de faire l’é­
                      parisien entre Meulan et Château-Thierry,   tude de la dérivation des sources de la Somme •
                      et altère la qualité de toutes les eaux de cette   Soude, petite rivière qui coule entièrement
                      région. Ces sources si limpides, mais char­  dans les terrains de craie, et tombe dans la
                      gées de sulfate de chaux, ne peuvent donc   Marne, entre Châlons et Épernay. En y réu­
                      pas être utilisées pour l’alynentation de   nissant quelques belles sources des terrains
                      Paris.                                    tertiaires situées entre Château-Thierry et
                        Les terrains gypsifères ne dépassent pas   Épernay, en dehors de l’action des gypses,
                      la rive gauche de la Seine en amont de Pa­  telles que la Dhuis et le Sourdon, on pou­
                      ris, et, d’ailleurs, les calcaires de la Beauce   vait conduire sur les hauteurs de Belle-
                      et les sables des environs de Fontainebleau   ville, à 53 mètres au-dessus de la Seine,
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