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326                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                      au bassin de la Seine, et qui tombe dans   du zéro du pont de la Tournelle. La Vanne,
                      l’Yonne, à Sens. Cette seconde dérivation   dont l’eau ne pouvait arriver qu’à 43 mè­
                      devait, selon le vœu exprimé par le conseil   tres au-dessus du même point, devait être
                      municipal, suppléer, en cas de besoin, à   réservée dans l’avenir pour les besoins des
                      l’insuffisance des sources de la Somme-   quartiers bas. Enfin, dans le cas où l’an­
                      Soude et de la Dhuis.                     nexion de la banlieue se réaliserait, on pro­
                        Les eaux de 299 sources, prises à diffé­  posait de détacher la source de la Dhuis de
                      rents points du bassin de la Seine, furent   l’aqueduc de la Somme-Soude, et de l’ame­
                      essayées au moyen de Vhydrotimètre.        ner à part sur les coteaux de Belleville, à
                        On entreprit également des études sur les   81 mètres au-dessus du zéro de l’échelle du
                      eaux de rivière du bassin de la Seine. On   pont de la Tournelle, pour desservir les
                      nota, jour par jour, leur degré de limpidité   quartiers hauts du nouveau Paris.
                      et leur température. Enfin, on constata éga­  En admettant la réalisation de ces trois
                      lement, jour par jour, la température des   projets, on amenait à Paris, par vingt-qua­
                      eaux distribuées dans Paris à leurs points   tre heures, pour les besoins des quartiers
                      de départ et d’arrivée.                   hauts, les 40,000 mètres cubes d’eau de la
                        Tout cet ensemble de travaux fut exécuté   Dhuis et de quelques autres sources qu’on
                      avec les soins et la rigueur des méthodes   pouvait y réunir ; pour tous les quartiers
                      scientifiques actuelles.                  moyennement élevés, les 60,000 mètres cu­
                        Les projets de dérivation et les études   bes de la Somme-Soude ; enfin, pour les
                      chimiques et hydrauliques sur les sources,   quartiers bas, les sources de la Vanne, dont
                      furent déposés, le 7 mai 1856, aux bureaux   on portait la prise d’eau à 100,000 mètres
                      de l’administration municipale. Les ingé­  cubes,ce qui représentait en tout 200,000 mè­
                      nieurs présentaient, dans ce travail, le tracé   tres cubes, ou 100 litres par habitant, pour
                      complet de l’aqueduc destiné à conduire à   une population de 2 millions d’individus.
                      Paris les eaux de la Somme-Soude et de la   Dans la séance du 18 mars 1859, M. Du­
                      Vanne ; ils donnaient l’évaluation des dé­  mas, président du conseil municipal, dis­
                      penses qui seraient nécessitées par ces dif­  cuta les projets de l’administration. 11 ex­
                      férents travaux.                          posa les divers systèmes que l’on avait cru
                        C’est dans la séance du 16 juillet 1858   pouvoir mettre en opposition avec les plans
                      que M. Haussmann présenta au conseil mu­  des ingénieurs de la ville, notamment le
                      nicipal le projet des ingénieurs ; il lut en   projet consistant à élever les eaux de la Seine
                      même temps au conseil son Deuxième mé­    avec des machines ou avec des roues hydrau­
                      moire sur les eaux de Paris (1 ).         liques. Après avoir démontré que ces divers
                        Nous n’entreprendrons pas l’analyse de   projets ne satisferaient nullement aux condi­
                      cet important document; elle ne ferait que   tions du programme, le président du conseil
                      reproduire ce qui a été exposé ci-dessus   proposait d’adopter lespropositions du préfet.
                      et le résumé qu’on trouvera plus loin.      Le conseil municipal, dans cette même
                      M. Haussmann proposait au conseil muni­   séance, adopta le projet dressé par les in­
                      cipal la dérivation immédiate des eaux de la   génieurs du service municipal, en vue de
                      Somme-Soude et de la Dhuis, qui pouvaient   dériver sur Paris une partie des eaux sou­
                      donner 100,000 mètres cubes d’eau par vingt-   terraines des vallées de la Somme et de
                      quatre heures, élevées à 57 mètres au-dessus  la Soude, et subsidiairement les sources du
                                                                ruisseau des Vertus, du Sourdon et de la
                       (1) 1 vol. in-4° de 132 pages, avec cartes, plans et ta­
                      bleaux. Paris, 1858.                      Dhuis.
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