Page 329 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
P. 329
r
INDUSTRIE DE L’EAU. 327
Dans leur rapport, les ingénieurs démon
traient que la dérivation des sources em
CHAPITRE XXXIH
pruntées à la Champagne pourrait seule
ACQUISITION des sources de la dhuis et de la vanne fournir une eau n’ayant besoin de subir au
par la VILLE DE PARIS. — DÉLIBÉRATION DU CONSEIL cune préparation, et pouvant être consom
municipal. - enquête de commodo et incommoda.
mée par la classe ouvrière telle qu’elle sort
_ rapport de la commission d’enquête du dépar
tement de la seine. des conduites publiques. Ils prouvaient, en
même temps, que ce dernier projet réunis
Cependant, un fait considérable s’accom sait encore le mérite de l’économie. En effet,
plissait. Un décret impérial, en date du l’eau de la Dhuis, rendue dans ses réser
16 février 1859, réunissait à l’ancienne ville voirs par l’aqueduc proposé, devait coûter
de Paris la partie des communes suburbai seulement 56 centimes le mètre cube.
nes comprise dans l’enceinte des fortifica La ville de Paris s’empressa de faire l’ac
tions. Cette immense extension du périmètre quisition des sources signalées dans les
de la capitale forçait d’étendre le projet études des ingénieurs. Au mois d’avril 1859,
primitif de distribution des eaux, tant en elle acheta, pour la somme de 65,000 fr., la
raison de l’accroissement de la population source de la Dhuis, située à quelque dis
à desservir, que par suite de l’altitude des tance de Château-Thierry, et pour la somme
nouveaux quartiers de Belleville, Bati- de 12,000 fr. les sources de Montmort, pour
gnolles, Passy, etc. Il fut dès lors décidé que les réunir à celle de la Dhuis dans l’aqueduc
les eaux de la Dhuis, dont l’altitude est de de dérivation destiné au service des quar
80 mètres au-dessus de la Seine, desservi tiers hauts de Paris.
raient les quartiers hauts de Montmartre, Dans la vallée de la Somme-Soude,
Belleville, Passy et Montrouge, récemment avoisinant celle de la Dhuis, une oppo
annexés à l’ancienne ville, et qu’un aqueduc sition violente, suscitée dans la population,
nouveau recevant les eaux de la Vanne, dont empêcha de faire aucune acquisition de
l’altitude est de 43 mètres au-dessus de la sources.
Seine, serait consacré au service des quar On fut plus heureux pour les sources
tiers bas. destinées à alimenter l’aqueduc de dériva
L’aqueduc de la Dhuis était donc le pre tion de la Vanne. En 1860, la ville de Pa
mier ouvrage à exécuter, puisque l’eau dé ris acheta, dans la vallée de la Vanne,
rivée atteindrait les points les plus élevés pour la somme de 215,000 francs, les sources
de la capitale, et que les 40,000 mètres cu de AW, Theil^ Malkortie, Saint-Philbert et
bes d’eau que cet aqueduc devait amener Chigy, qui débitent, dans les plus grandes
chaque 24 heures pouvaient suffire pendant sécheresses, 67,000 mètres cubes d’eau par
quelques années à tous les besoins du service vingt-quatre heures, et dans les sécheresses
privé. séculaires, comme en 1858, 48,000 mètres
Le 30 janvier 1860, les ingénieurs du ser cubes .Enfin, elle acheta, pour la somme de
vice des eaux de Paris purent remettre à 50,000 fr., les trois sources d’Arme.nZzères, si
l’administration, le projet de dérivation des tuées à quelque distance des précédentes,
eaux de la Dhuis, et le projet des machines dans la vallée de la Vanne, et qui débitent
à vapeur destinées à élever 100,000 mètres dans les grandes sécheresses 20, 000 mètres
cubes d’eau de Seine, par chaque 24 heures, cubes par vingt-quatre heures, et dans
à la hauteur exigée de 64 mètres, en moyenne, les sécheresses séculaires 12,000 mètres
au-dessus des eaux de la Seine. cubes.