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MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
C’est en 1820 que fut exécutée cette ana eux, avait très-judicieusement pensé que les
lyse de l’eau, qui fit époque dans l'histoire nombres représentant les équivalents chi
de la science. Vingt-deux ans après, M. Du miques des corps seraient d’autant plus
mas qui, par ses grands travaux, autant que commodes à retenir et à employer dans la
par ses brillantes et éloquentes leçons à la pratique, qu’ils seraient plus petits. 11 avait
Sorbonne et à la Faculté de médecine donc proposé de rapporter ces nombres,
de Paris, attirait à lui l’admiration du non comme on l’avait fait jusqu’alors, à
monde savant et la foule des élèves, repre l’oxygène pris pour unité, mais au corps
nait la question de la composition de l’eau, ayant le plus faible équivalent, c’est-
et répétait l’expérience de Berzélius. à-dire à l’hydrogène pris pour unité. En
En employant la même méthode, mais en dressant ce tableau, Prout avait reconnu
faisant usage d’un appareil beaucoup plus que plusieurs équivalents chimiques de
précis, M. Dumas arriva à opérer dans le corps simples étaient des nombres entiers,
nombre obtenu par Berzélius, une correc c’est-à-dire qu’ils étaient un multiple
tion, faible sans doute si l’on ne regarde exact de l’équivalent de l’hydrogène pris
qu’au chiffre, mais d'une importance fon comme 1.
damentale, si l’on considère l’idée neuve et Il résultait de là ce grand fait, bien digne
des méditations de tout homme qui réfléchit
sur les grandes questions de la philosophie
naturelle, que les quantités en poids des corps
qui entrent en combinaison, autrement dit
les équivalents chimiques^ pourraient bien
être la même matière à différents degrés de
condensation. Puisque les corps simples ou
composés se combinent en quantités doubles,
triples, quadruples, etc., les uns avec les
autres, on pourrait croire que c’est la même
matière qui,àdifférentsétatsde condensation,
produit tous les corps simples ou composés.
Dans tous les cas, les équivalents chimiques
procédant par nombres rigoureusement en
tiers, ce n’était pas là une conception indiffé
rente, tant pour la théorie que pour la pra
tique.
Berzélius, dans ses Rapports annuels sur
les progrès de la chimie, ouvrage dans lequel
il soumettait à une critique si sévère les tra
Fig. 17. — Dumas.
vaux de ses contemporains, avait traité très-
pleine d’avenir qu’elle introduisit dans la légèrement ces considérations. Comme les
science. équivalents chimiques qu’il avait donnés
Un chimiste anglais, le docteur Prout, n’étaient pas d’accord avec l’idée de Prout,
réfléchissant sur les nombres que nous ap il n’avait pas voulu les admettre.
pelons équivalents chimiques, et qui repré M. Dumas ne jugea pas les choses aussi
sentent les quantités en poids suivant les sommairement. C’est en partie pour vérifier
quelles les corps simples se combinent entre l’idée du docteur Prout que cet illustre sa