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MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
été le point de départ des théories molécu réduit, c’est-à-dire que l’hydrogène s’empare
laires de la chimie moderne. La théorie des de son oxygène, pour former de l’eau, et que
proportions définies, et la théorie atomique le cuivre reste à l’état métallique. L’eau for
reposent sur ces faits fondamentaux. Il est mée par la réduction de l'oxyde de cuivre,
donc permis de dire que le travail fait par est à l’état de vapeur; cette vapeur vient se
Gay-Lussac en 1805 sur la composition, en condenser dans un petit tube plein de chlo
volumes, de la vapeur d’eau, a été le point de rure de calcium, qui fait suite au ballon. Si,
départ des théories de la chimie moderne. d’une part, on pèse l’eau ainsi formée et con
densée dans le tube à chlorure de calcium,
11 semblait qu’étant connus la nature des et d’autre part, si l’on détermine la perte de
gaz qui constituent l’eau et les rapports poids qu’a subie l’oxyde de cuivre, qui a cédé
dans lesquels ces gaz se combinent, on pou son oxygène, on a, par la perte de poids de
vait en déduire les quantités en poids d’oxy l’oxyde de cuivre, la quantité d’oxygène
gène et d’hydrogène qui composent l’eau, fournie par cet oxyde, et qui est passée dans
d’après la densité de ces deux gaz. Mais la l’eau recueillie. En défalquant le poids de
chimie est une science rigoureuse ; elle ne l’oxygène du poids de l’eau recueillie, on a
se contente pas de déductions, quand elle la quantité d’hydrogène existant dans cette
peut arriver à un résultat direct. On voulut eau.
donc, au lieu de calculer simplement la com Cette méthode était très-appropriée à la
position pondérale des éléments de l’eau, détermination qu’il s’agissait d’exécuter.
par le volume des gaz oxygène et hydrogène Elle était certainement plus exacte que celle
et la densité de ces gaz, déterminer direc dont avaient fait usage Lavoisier et Laplace,
tement, c’est-à-dire par l’expérience, les Lavoisier et Meusnier, puis Fourcroy, Seguin
quantités en poids d’oxygène et d’hydrogène et Vauquelin. En effet, une analyse chimi
qui sont nécessaires pour former de l’eau. que faite au moyen des gaz, comporte beau
Cette tâche nouvelle fut remplie par Ber coup de causes d’erreurs. S’il est facile de
zélius, le grand chimiste suédois qui, jeune mesurer un gaz, remonter de son volume
alors, s’était rendu à Paris, pour s’y livrer à à son poids réel, présente beaucoup de dif
l’étude des sciences. Dulong, chimiste et ficultés, par l’incertitude des données que
physicien français d’un rare mérite, ouvrit nous possédons sur la dilatation, sur la
son laboratoire à Berzélius, et les deux sa pesanteur spécifique, sur l’humidité de ce
vants se réunirent pour faire cette déter gaz. La méthode imaginée par Berzélius et
mination. Dulong mettait les expérimentateurs à l’abri
Le moyen dont Berzélius et Dulong se de toutes causes d’erreurs inhérentes à la
servirent pour déterminer les quantités en pesée des gaz, puisque tout se réduisait à
poids d’hydrogène et d’oxygène qui concou peser deux fois un ballon de verre conte
rent à former l’eau, consista à réduire de nant l’oxyde de cuivre, et à peser deux fois
l’oxyde de cuivre, à chaud, par un courant le tube contenant le chlorure de calcium.
de gaz hydrogène. Cette nouvelle méthode était la consé
Si l’on prend un poids connu d’oxyde de quence des progrès que la chimie avait faits
cuivre, qu’on le place dans un ballon de depuis Lavoisier et Laplace, depuis Four
verre, qu’on chauffe l’oxyde de cuivre con croy, Seguin et Vauquelin; mais il faut re
tenu dans ce ballon jusqu’au-dessous du connaître également que la méthode de
rouge, et qu’on fasse passer dans le ballon, Lavoisier et Laplace était bien plus frap
de l’hydrogène gazeux, l’oxyde de cuivre est pante, et de nature à saisir bien plus vive-