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INDUSTRIE DE L’EAU.                                  7

         lui a donné un résultat tout semblable. L appareil de   d’eau par la combustion des deux gaz hy­
         M. Monge est extrêmement ingénieux; il a apporté   drogène et oxygène purs. Nous avons dit plus
         infiniment de soin à déterminer la pesanteur spéci­  haut, que sir Charles Blagden, secrétaire
         fique des deux gaz ; il a opéré sans perte ; de sorte
                                                   de la Société royale de Londres, avait assisté à
         qu» son expérience est beaucoup plus concluante
                                                   l’expérience de Lavoisier et de Laplace.
                                                   Blagden apprit, à cette occasion, à Lavoisier
                                                   que le chimiste anglais Cavendish était déjà
                                                    parvenu, à Londres, à faire brûler de l’hy­
                                                   drogène et de l’oxygène dans des vaisseaux
                                                    fermés et qu’il avait « obtenu une quantité
                                                    d’eau très-sensible. »
                                                      C’est en 1781 que Cavendish avait fait
                                                    cette expérience, et qu’il avait recueilli de
                                                   l’eau; mais le chimiste anglais n’en avait
                                                   nullement tiré la conséquence que l’eau
                                                    fût composée d’hvdrogène et d’oxygène. Il
                                                   n’avait même pas eu l'initiative de cette ex­
                                                   périence. C’était un chimiste absolument
                                                   inconnu, et qui n’a laissé d’autre trace dans
                                                   la science que cette expérience même, qui
                                                   avait le premier observé ce fait. Dans l’ou­
                                                   vrage du chimiste anglais Priestley, intitulé
                                                    Expériences sur différentes espèces d'air (1),
                                                   on trouve une lettre de Waltire, en date du
                                                   3 janvier 1777, adressée à Priestley, et con­
                       Fig. 5. — Laplace.          tenant la description de cette expérience :
                                                     « J’ai répété plusieurs fois, écrit Waltire, sur l’air
         que la nôtre et ne laisse rien à désirer. Le résultat
         qu’il a obtenu a été de l’eau pure dont le poids   inflammable, une expérience qui me parait très-
         s’est trouvé, à très-peu de chose près, égal à celui   curieuse. J'adapte à une fiole à fond rond un bou­
         des deux gaz. »                           chon de liège conique auquel j’ajuste un tube de
                                                   verre, recourbé de façon que, lorsqu’il est suspendu
                                                   par sa courbure supérieure au bord du baquet pa­
           Ainsi, Monge avait fait, avant Lavoisier,   reil à celui qui est décrit dans votre premier volume,
         cette même expérience. Mais Monge n’habi­  sa courbure inférieure sort de 2 pouces sous la sur­
                                                   face de l’eau, et son extrémité s’élève de 4 pouces.
         tait point Paris; il était alors professeur de
                                                   La fiole étant chargée de matériaux propres à
         mathématiques à l’école de Mézières, et La­  produire de l’air inflammable rapidement, il faut
         voisier n’avait pu avoir connaissance de   allumer cet air à mesure qu’il s’échappe de l’extré­
                                                   mité du tube, et la flamme durera aussi longtemps
         cette expérience. On vient de lire qu’avec
                                                   qu’il s’élèvera de l’air inflammable, pourvu qu’on
         sa loyauté ordinaire, Lavoisier s’empressa
                                                   ait soin d’empêcher qu’il ne monte aucune humi­
         de reconnaître ce fait, et que loin de contes • *  dité conjointement avec l’air. »
         ter à Monge le mérite de sa priorité dans
         cette expérience, il n’y trouva qu’une preuve   L’auteur ajoute qu’on place au-dessus de
          nouvelle de l’exactitude de ses vues, que la   cet appareil une cloche que l’on plonge dans
         démonstration certaine d’une vérité nouvelle.  l’eau, de façon que la combustion ait lieu
            Mais Monge n’était pas le seul qui eût fait   au moyen de l’air confiné dans la cloche.
         avant Lavoisier l’expérience de la formation   (I) Tome V.
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