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INDUSTRIE DE L’EAU.                                  3


          sier, avait constaté qu’il se forme de l’eau   sous d’autres formes une expérience aussi
          par la combustion du gaz hydrogène dans   frappante; il n’avait pas cherché à pénétrer
          l’oxygène pur ou l’oxygène atmosphérique;   plus avant les conséquences à en tirer. Mac­
          mais aucun n en avait conclu que 1 eau dont  quer faisait pourtant cette expérience avec
                                                    un savant de profession, avec Sigaud de
                                                    Lafond, professeur estimé, particulièrement
                                                    habile dans les expériences de physique et
                                                    de chimie, et à qui nous devons un excellent
                                                    recueil, accompagné de planches gravées
                                                    représentant les appareils de physique et de
                                                    chimie en usage à la fin du xvin' siècle (1).
                                                      Comme le montre la figure 3 (page 5),
                                                    Macquer présentant une soucoupe de por­
                                                    celaine à la flamme du gaz hydrogène, qui
                                                    brûlait tranquillement à l’air, à l’extré­
                                                    mité d’une bouteille contenant de l’acide
                                                    sulfurique, du zinc et de l’eau, observa
                                                    que cette flamme n’était accompagnée
                                                    d’aucune fumée, et que la soucoupe était
                                                    mouillée de gouttelettes d’une liqueur inco­
                                                    lore comme de l’eau. 11 examina, avec
                                                    Sigaud de Lafond, les gouttelettes qui dé­
                                                    coulaient de la soucoupe ou qui étaient res­
                       Fig. 1. — Lavoisier.         tées sur sa surface, et il reconnut que ce
                                                    liquide était de l’eau pure. Mais, nous le répé­
          on observait la production dans cette cir­  tons, il en resta là. Il n’eut recours à aucune
          constance, provenait de la combinaison du   hypothèse, à aucune explication pour se
          gaz hydrogène (le gaz inflammable comme   rendre compte de la présence de cette eau.
          on l’appelait alors) avec l’oxygène, et que,   Dans la deuxième édition de son Diction­
          par conséquent, l’eau était composée des   naire de chimie, publié en 1781, Macquer
          deux gaz hydrogène et oxygène chimique­   raconte son expérience en ces termes :
          ment combinés.
                                                      « Je me suis assuré aussi, en interposant une sou­
            En 1776, Macquer, professeur de chimie
                                                    coupe de porcelaine blanche dans la flamme du gaz
          au Jardin des Plantes, à qui l’on doit beau­  inflammable brûlant tranquillement à l’oriflee d’une
          coup de travaux estimés et un admirable   bouteille, que celte flamme n’est accompagnée
          Dictionnaire de chimie (1), avait reconnu   d’aucune flamme fuligineuse, car l’endroit de la
                                                    soucoupe que léchait la flamme est resté parfai­
          qu’il se forme de l’eau pendant que le gaz
                                                    tement blanc; il s’est trouvé seulement mouillé de
          hydrogène brûle à l’air. 11 avait recueilli les   gouttelettes assez sensibles d’une liqueur blanche
          gouttelettes qui ruissellent par l’effet de la   comme de l’eau, et qui nous a paru n être, en effet,,
                                                    que de l’eau pure. »
          combustion du gaz hydrogène à l’air, et il
          s'était assuré que ce liquide était de l’eau   Puis il passe à autre chose.
          pure. Mais il n’était pas allé plus loin ; il   Lavoisier, répétant la même expérience,,
          n’avait pas approfondi davantage un fait   allait faire preuve d’une autre force d’es­
          atissi capital; il n’avait pas songé à varier
                                                    prit. Nous venons de dire qu’il fit, pour la.
            (I) 2 vol. in-4. Paris, 1778.
                                                     (1) Description d'un cabinet de physique. In-8.
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