Page 8 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
P. 8
4 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE
première fois, l’expérience de la combustion dans l’intérieur de la bouteille et elle s’y maintint
encore quelques instants. Pendant tout le temps
de l’hydrogène par l’oxygène pour recon
que la combustion dura, nous ne cessâmes d’agiter
naître si le produit de cette combustion l’eau de chaux et de la promener dans la bouteille,
était de l’acide sulfurique, comme il le pën- afin de la mettre le plus possible en contact avec la
flamme; mais il ne se forma ni nuage de craie ni
dépôt. Il ne s’était donc pas formé d’air fixe. »
Quatre années après, c’est-à-dire en 1781,
Lavoisier revint à cette expérience, pour
bien s’assurer qu’il ne se produisait pas
d’atr fixe (acide carbonique) par la combus
tion de l’hydrogène à l’air. Il fit brûler le
gaz hydrogène sur l’eau pure, et reconnut
que l’eau ne renfermait point d’acide car
bonique, après cette combustion. Il fit brû
ler ce gaz sur une dissolution de potasse
caustique, mais rien n’indiqua la présence
d’un acide dans l’eau de potasse.
« Ces résultats me surprirent d’autant plus, écrit
Lavoisier, que j’avais antérieurement reconnu que,
dans toute combustion, il se formait un acide; que
cet acide était l’acide vitriolique (sulfurique), si
l’on brûlait du soufre; l’acide phosphorique, si
l’on brûlait du phosphore ; l’air fixe (acide carbo
nique), si l’on brûlait du charbon. L’analogie m’a
vait porté invinciblement à conclure que la com
bustion de l'air inflammable devait également
produire un acide.
Fig. 2. — Macquer « Cependant rien ne s’anéantit dans les expé
riences; la matière de la chaleur et de la lumière a
seule la propriété de passer à travers les pores des
rait, ou de l’acide carbonique, comme le
vaisseaux. L'oxygène et l’air inflammable, qui sont
croyait Bucquet. Le phosphore, le soufre et des corps pondérables, ne pouvaient donc avoir
le charbon, en brûlant par l’oxygène, lui disparu, ils ne pouvaient être anéantis. De là, la
nécessité de faire les expériences avec plus d’exac
avaient donné des acides, l’hydrogène ne
titude et plus en grand. »
devait-il pas en faire autant?
C’est en 1777, que Lavoisier et Bucquet On voit, par ces paroles de Lavoisier, se
répétèrent l’expérience de Macquer. Lavoi dessiner nettement la pensée de l’homme de
sier raconte ainsi lui-même, cette intéres génie à qui l’on doit l’idée de la balance ap
sante expérience : pliquée à l’analyse chimique.
« Pour éclaircir nos doutes, écrit Lavoisier, nous « Bien ne s’anéantit dans les expériences, » dit
remplîmes, au mois de septembre 1777, M. Bucquet l’immortel physicien, ou, comme il le dit ailleurs,
et moi, d’air inflammable une bouteille de cinq à « rien ne se crée, rien ne s’anéantit ni dans les
six pintes; nous la retournâmes l’ouverture en haut, opérations de l’art, ni dans celles de la nature, et
et pendant que l’un de nous allumait avec une bou l’on peut poser en principe que, dans toute opé
gie l’air inflammable à l’orifice de la bouteille, ration, il y a une égale quantité de matière avant
l’autre y versa très-promptement, à travers la flam qu’après, et qu’il n’y a que des transformations (1). »
me, deux onces d’eau de chaux ; l’air inflammable
brûla d’abord paisiblement à l’ouverture du goulot (t) Traité de chimie, page 140, 2e édition. Paris,
qui était fort large; ensuite, la flamme descendit 1189.