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12 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
en oxyde. Lavoisier et Meusnier eurent dès cornue. La vapeur d’eau pénètre dans le
lors l’idée d’une expérience très-brillante tube de porcelaine, et arrive au contact du
et très-concluante : la décomposition de fer rouge; là, le fer la décompose. L’oxygène
l’eau par le fer à la température rouge. Ils de l’eau reste combiné au fer, qui augmente
s’arrangèrent de façon à faire traverser du de poids, en se convertissant en oxyde ;
fer porté au rouge par un courant de va le gaz hydrogène se dégage par l’extrémité
peur d’eau, vapeur fournie par de l’eau qui du tube, et vient se rassembler dans la clo
était tenue en ébullition dans une cornue, che de verre posée sur la cuve à eau.
et dirigée, par un tube de verre, au contact Quand on veut terminer l’opération, on
du fer métallique. Ils reconnurent ainsi que cesse d’entretenir le feu du fourneau et on
l’eau se décomposait en ses deux éléments, laisse l’appareil se refroidir. Si l’on xeut
l’oxygène et l’hydrogène. En effet, on re faire une analyse rigoureuse, et c’est ce
cueillait du gaz hydrogène à l’extrémité du qu’avaient tenté Lavoisier et Meusnier, on
tube contenant le fer rougi au feu, et le fer peut reconnaître la quantité d’eau qui a été
lui-même fixait l’oxygène de l’eau ; car lors mise en expérience en pesant la cornue
qu’on le retirait du tube, le fer était recou pleine d’eau avant et après l’opération. 11
vert d’une matière noire, facile à réduire en faut également peser avant et après l’opéra
poudre, et qui ressemblait parfaitement au tion, le vase, J, dans lequel s’est condensée
produit que l’on obtient quand on fait brû la vapeur d’eau échappée à la décomposition
ler du fer dans l’oxygène pur. chimique. On a ainsi la quantité d’eau qui
Il est peu de nos lecteurs qui n’aient vu s’est condensée dans le flacon, et l’on re
faire dans les cours de chimie l’expérience tranche cette quantité de celle de l’eau
de la décomposition de l’eau par le fer rouge. restée liquide dans la cornue, pour avoir la
La figure 8 représente l’appareil dont La quantité exacte d’eau qui a été décomposée
voisier et Meusnier firent usage. 1 est la par le fer. On mesure le volume du gaz hy
cornue renfermant de l’eau, distillée; GG', drogène que l’on a recueilli dans la cloche
un tube en porcelaine placé transversale graduée K, et en multipliant le nombre de
ment dans un fourneau, et contenant dans centimètres cubes de gaz recueillis par la
son intérieur un poids connu de fer doux densité du gaz hydrogène, on a le poids, en
contourné en spirale ; H, un serpentin en fractions de gramme, de cet hydrogène.
communication avec le tube GG'; il est des Pour avoir la quantité d’oxygène qui s’est
tiné à condenser l’eau qui échappe à la dé fixée sur le fer, il faut peser, après l’expé
composition ; cette eau se réunit dans le fla rience, le tube de porcelaine, dont on avait
con J, qui porte un tube recourbé pour con pris exactement le poids avant l’opération.
duire le gaz hydrogène sous une cloche K, Son augmentation de poids représente la
pleine d’eau, divisée en parties d’égale ca quantité d’oxygène dont le fer s’est emparé.
pacité et reposant sur la cuve à eau, ou cuve En réunissant les poids de l’oxygène et de
hïjdropneumatique, L. l’hydrogène, on doit arriver au même poids
Pour démontrer par l’analyse la compo d’eau décomposée.
sition de l’eau, Lavoisier et Meusnier opé Quoique cette expérience ne soit pas sus
rèrent (et à leur exemple, on opère aujour ceptible de beaucoup de précision, Lavoisier
d’hui) comme il suit. On commence par et Meusnier, en décomposants grammes 32
chauffer jusqu’au rouge le tube de porce centigrammes d’eau, obtinrent 4 grammes,
laine contenant les fragments de fer, en SOS d’oxygène uni au fer et constituant de
suite on porte à l’ébullition l’eau de la l’oxyde de fer, et 79S milligrammes de gaz