Page 18 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
P. 18
14 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
Nous venons de représenter l’appareil de sa légèreté spécifique, et arrive au con
qui servit à Lavoisier et à Meusnier pour tact de l’eau, qu’il décompose, en formant
décomposer l’eau par le fer. Nous mettrons du gaz hydrogène. Ce gaz se rassemble au-
sous les yeux du lecteur (fig. 9) l’appareil qui dessus de l’eau, et l’oxyde de sodium, ou
sert aujourd’hui, dans les cours publics de soude, se dissout dans l’eau. Il est facile, en
chimie, à faire cette expérience, devenue enflammant le gaz, de montrer que c’est du
classique. Le fourneau dans lequel on place gaz hydrogène, et en. mettant l’eau de la
le tube de porcelaine AB, plein de frag petite cloche en contact avec du papier de
ments de tournure de fer, est un fourneau tournesol rouge, de montrer qu’il s’est
dit à réverbère, recouvert de son dôme, ou formé un alcali ou un oxyde métallique ;
réverbère, F. L’eau est contenue dans une c’est à-dire de l’oxyde de sodium ou soude,
cornue de verre, C, et le gaz hydrogène est qui a la propriété, comme tous les alcalis, de
recueilli, par le tube D, dans une éprouvette, ramener au bleu le papier de tournesol rougi.
placée elle-même sur un petit support de Mais revenons à Lavoisier.
terre, percé d’un trou. Une terrine conte On pourrait croire que les démonstrations
nant de l’eau remplace la cuve hydropneu rigoureuses, les preuves mathématiques,
matique. Comme il ne s’agit pas de mesurer pour ainsi dire, que Lavoisier venait de
le gaz hydrogène provenant de la décompo donner par les expériences que nous ve
sition de l’eau, mais seulement de recueillir nons de rapporter, durent entraîner la
ce gaz, pour l’enflammer, et démontrer ainsi conviction unanime des savants. 11 n’en fut
aux auditeurs que c’est bien du gaz hydro pas ainsi. Le vieux fantôme du phlo-
gène, il suffit de pouvoir recueillir com gistique était toujours là, et les objec
modément ce gaz (1). tions se succédaient contre une vérité en
Ajoutons que dans les cours de chimie on core trop récente pour triompher de préju
démontre souvent, sans avoir besoin de re gés séculaires. Dans tous les laboratoires de
courir à la chaleur, la décomposition de l’Europe, on avait répété l’expérience de
l’eau par les métaux, et la production du 1784 de Lavoisier et Meusnier, et on ob
gaz hydrogène et d’un oxyde, en se servant tenait toujours à peu près les mêmes résul
d’un métal qui décompose l’eau à froid, tats quantitatifs, et pourtant on refusait de
c’est-à-dire du potassium ou du sodium. Dans se rendre à l’opinion des chimistes français
une cloche pleine de mercure, A (fig. 10), on concernant la composition de l’eau.
fait passer une petite quantité d’eau, B; en Pour mettre fin à toute discussion, les
suite on y introduit, enveloppé dans un peu élèves de Lavoisier voulurent procéder à
de papier, pour qu’il ne s’amalgame pas la synthèse chimique de l’eau, en opérant
avec le mercure, C, qu'il doit traverser, un sur une échelle assez grande pour que l’on
fragment de sodium. Ce fragment de so pût recueillir une quantité d’eau relative
dium s’élève à travers le mercure, en raison ment considérable.
En 1790, Fourcroy, Seguin et Vauquelin
(1) C’est cette opération que les élèves de l’École poly
technique ont mise en chanson. On nous permettra de pla procédèrent à cette grande et belle opéra
cer, en note, au bas de la page, cette poésie de laboratoire:
tion. Ils firent usage de l’appareil de Lavoi
Voulez-vous faire de l’hydrogène, sier que nous avons représenté plus haut
Prenez un tube de porcelaine ;
Mettez-y du fer et de l’eau, (fig. 7, page 9). Les gaz hydrogène et oxy
Placez le tout sur un fourneau.
L’eau par le feu vaporisée, gène ayant été préparés avec tous les soins
Et par le fer décomposée, imaginables, on procéda à l’expérience, qui
L’oxygène s’unit au fer,
Et l’hydrogène s’en va dans l’air {Lis}, ne dura pas moins de dix jours : du 13 mai