Page 19 - Les merveilles de l'industrie T3 Web

INDUSTRIE DE L’EAU. 15

au 22 du même mois. La combustion ne fut
interrompue ni jour ni nuit. Fouicioy,
Seguin et Vauquelin ne quittèrent pas un CHAPITRE II
seul instant l’appareil. Ils se remplaçaient
alternativement, et quand l’un d’eux était ANALYSE DE l’eAU PAR LA PILE DE VOLTA. — EXPÉRIENCE
DE NICHOLSON ET CARLISLE.—EXPÉRIENCE DE DAVY. —
BERZEL1ÜS ET DULONG DÉTERMINENT LA COMPOSITION DE
L’EAU PAR LA FORMATION DE L’EAU AU MOYEN DE LA
RÉDUCTION DE L’OXYDE DE CUIVRE. — M. DUMAS RE­
PREND, EN 1842, LA DÉTERMINATION EXACTE DF. LA COM­
POSITION DE L’EAU.

Fourcroy, Seguin et Vauquelin avaient
trouvé que 100 parties d’eau se composaient
de 85,7 d’oxygène et de 14,3 d’hydrogène.
Ces nombres n’étaient pas exacts : nous ver­
rons plus loin que 100 parties d’eau sont, en
réalité, composées de 12 parties en poids
d’hydrogène et de 88 d’oxygène, ou que 9
Fig. 10. — Décomposition de l’eau, à froid, parle sodium,
' grammes d’eau renfermaient 8 grammes
fatigué, il se reposait en se jetant, pour quel­ j d’oxygène et 1 gramme d’hydrogène. C’est la
ques heures, sur un matelas, placé dans le S science de l’électricité qui devait fournir la
laboratoire. 515 litres, 36 de gaz hydrogène solution rigoureuse du problème de la com­
furent ainsi brûlés par 267 litres, 30 de gaz position chimique centésimale de l’eau.
oxygène, et l’on obtint 383 grammes, 2 d’eau Nous avons raconté dans les Merveilles de
pure. la science, l’histoire de la découverte de la
L’eau obtenue dans cette expérience mé­ pile électrique par Volta. Le lecteur sait
morable, est encore conservée aujourd’hui, donc que c’est en l’année 1800, par sa cé­
dans le laboratoire du Muséum d’histoire lèbre Lettre au président de la Société royale
naturelle de Paris, et certes jamais flacon de Londres, que Volta révéla, pour la pre­
d’eau pure n’a offert un pareil intérêt, au mière fois, au monde savant, ce prodigieux
point de vue de l’histoire des sciences et du appareil, qui ne cessera jamais d’être une
progrès intellectuel ! cause de surprise et d’admiration pour tout
On conserve également dans la collec­ homme qui pense et réfléchit sur ce qu’il
tion des produits chimiques du labora­ voit; cet instrument vraiment miraculeux,
toire de la Sorbonne, un flacon d’eau, de qui peut, à volonté, foudroyer un bœuf ou
300 à 400 grammes, qui fut, dit-on, ob­ déposer une légère couche d’un métalsur un
tenue par Fourcroy et Thénard, dans une autre, en respectant ses plus délicates cise­
expérience semblable. J’ai manié ce flacon lures; qui peut mettre en mouvement une
dans le laboratoire de la Sorbonne, pour la locomotive sur des rails, ou métalliser les
préparation d’une leçon de M. Balard; et plus fins pétales d’une fleur; qui peut pro­
j’avoue même en avoir porté une goutte à duire l’effet d’illumination du soleil même,
mes lèvres. C’était le baptême du chimiste ! ou parler à l’oreille, à 600 lieues de dis­
Que le conservateur des collections de la tance, à travers l’étendue des mers; qui
Sorbonne, feu Barruel, m’absolve, du haut peut enfin, et par un résultat en apparence
des cieux, de cette infraction à ses ordres !
contradictoire, servir à l’analyse chimique