Page 71 - Les fables de Lafontaine
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INTRODUCTION                 67
      coup trop habile et beaucoup trop sûr de sa langue pour tomber
      habituellement dans ce défaut. Aussi remarque-t-on le vers-
      cheville de I, 7 :
                      Le fabricateur souverain
            Nous créa besaciers tous de même manière,
             Tant ceux du temps passé que du temps d’aujourd'hui :
            Il fit pour nos défauts la poche de derrière
            Et celle de devant pour les défauts d’autrui. (1,7,31-35.)
        Enfin, il faut remarquer que, par une sorte de manie, presque
      chaque fois que La Fontaine met le mot hommes à la rime, il
      emploie, comme écho, la cheville : tous tant (ou tout ce) que nous
      sommes. C’est par dizaines qu’on en relèverait des exemples
      (cf- I, 7> 37. etc.).
        i) Licences poétiques. Ce sont des commodités d’orthographe
      ou de formes que s’accordent les poètes. Comme tout le monde,
      La Fontaine écrit encore et encor, zéphyre et zéphyr, selon les
      besoins de son vers. De plus, il emploie, mais [à la rime seule­
      ment, les archaïsmes : treuve, die, redevien, pour trouve, dise,
      redeviens.

        28.  LA LANGUE DES FABLES. LE VOCABULAIRE. —
      La langue des fables est difficile. Le vocabulaire en est extrêmement
      composite : archaïque, rustique, cynégétique, mythologique, popu­
      laire, noble, philosophique, etc. Il emprunte de toutes mains, à
      la cour comme aux provinces, aux métiers comme aux écoles.
      C’est pourquoi nous avons composé un lexique complet de ce
      vocabulaire, marquant d’un astérisque dans le texte tous les mots
      dont on devra chercher l’explication dans ce lexique. Nous avons
      placé ce lexique à la fin du volume.
        29.  LA GRAMMAIRE. Nous signalons ici, en les rangeant
      dans l’ordre alphabétique, les particularités grammaticales de la
      langue des fables.
        a) Accord L’un et Vautre se construit, comme sujet, avec un
      verbe au singulier :
            L’un et Vautre s'obstine. (III, 6, 31, etc.)
        Deux sujets au singulier, considérés comme synonymes, se
      construisent avec un verbe au singulier :
            Quelle que soit la pente et l’inclination... (III, 16, 21, etc.)
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