Page 74 - Les fables de Lafontaine
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70 LES FABLES DE LA FONTAINE
j) L’infinitif, par une survivance des usages de l’ancien français,
s’emploie comme nom déterminé par l’article, dans un certain
nombre d’expressions : au partir de ce lieu ; le dormir ; le manger ;
le boire ; le marcher ; mon, son dire ; le doux parler.
K) La négation est souvent réduite au seul advetbe ne, n’,
sans mot d’appui : Un seul n’en réchappa (pas un seul n’en réchappa).
D’autres fois, au contraire, pas ou point sont employés absolu
ment, au sens négatif, sans ne, surtout dans les interrogations ou
les réponses : Fit-il pas mieux que de se plaindre ? Trouvez-vous
pas ? Vous ennuyez-vous point ? Point de réponse. Mot (abrévia
tion de : pas un mot).
D’autres fois, La Fontaine se sert de tours anciens : ne... miette ;
ne... grain, etc., auxquels il semble garder la valeur étymologique :
La Cigogne au long bec n’en put attraper miette. (I, 18, 7.)
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Pas un, pas une...ne, s’emploie pour aucun, aucune...ne, avec
une grande force affirmative.
Même force affirmative dans l’inversion plus ne, pour ne plus :
Plus n’entasser, plus n’enfouir. (X, 4, 32.)
Dans une proposition négative, même peut prendre la forme
pas même :
N’ayant trait qui ne plût, pas même en ses rigueurs. (XII, 24, 31.)
pour : même en ses rigueurs.
De même, dans une proposition négative, et, ou, sont remplacés
par ni :
Heureux qui peut ne le connaître
Que par récit, lui ni ses coups ! (IV, I, 11-12.)
Z) Objet absolu. L’objet d’une affirmation se présente souvent
sous une forme absolue, reprise ou non, dans la suite, par un
pronom :
L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup Z’eût fait volontiers. (I, 5, 5-6.)
Car quoi ? rien d’assuré, point de franche lippée,
Tout à la pointe de l’épée.
pour : vous n’avez rien...