Page 61 - Les fables de Lafontaine
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INTRODUCTION 57
Le participe s’accorde, non au sujet, maître d’école, mais à
l’écolier, dont l’idée est présente à l’esprit. Cette syllepse peut
passer pour une anacoluthe.
Pour un pauvre animal,
Grenouilles, à mon sens, ne raisonnaient pas mal. (VI, 12, 16-17.)
Le pluriel « grenouilles » est collectif et suggère l’idée d’espèce,
d’où le singulier : animal. Même syllepse, mais en sens inverse,
dans II, 19, 25-26 :
Qui pourrait souffrir un âne fanfaron ?
Ce n’est pas là leur caractère.
Même passage, encore, du collectif à l’idée de pluriel dans
X, 3, 33-34 =
Le peuple aquatique
L'un après Vautre, fut porté...
La syllepse de IX, 8, 24 : Un des dupes, pour : une des dupes
est suggéré par l’idée de quelqu'un. Dans VIII, 4, 34, le collectif
peuple est en opposition avec l’idée d’^JA^mew, suggérée par
Athènes :
Dans Athène, autrefois, peuple vain et léger...
Une syllepse curieuse est celle de l’Épilogue de XI, vers 9,
qui passe de tout et rien à eux et ceux :
Car tout parle dans l’univers,
Il n’est rien qui n’ait son langage.
Plus éloquents chez eux qu’ils ne sont dans mes vers
Si ceux que j’introduis, etc.
L’idée sous-entendue par tous ces pronoms est : les animaux.
k) Les symétries antithétiques soulignent les antithèses par
les balancements du rythme :
Et mon Chat de crier, et mon Rat d’accourir,
L’un plein de désespoir, et l’autre plein de joie. (VIII, 22, 11-12.)
Cette symétrie est dramatique. La suivante est morale :
L’homme est de glace aux vérités ;
Il est de feu pour les mensonges. (IX, 6, 31-32.)
Autre symétrie à valeur morale :
L’un est vaillant, mais prompt;
L’autre est prudent mais froid. (VIII, 25, 10.)