Page 493 - Les fables de Lafontaine
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LE RENARD ANGLAIS 49i
Maint estafier * accourt ; on vous 2 happe * notre homme,
On vous l’échine, on vous l’assomme.
Auprès des rois, il est * de pareils fous.
A vos dépens ils font rire le maître.
Pour réprimer leur babil, irez-vous 15
Les maltraiter? vous n’êtes pas peut-être
Assez puissant. Il faut les engager
A s’adresser à qui peut se venger.
. Exercice complémentaire. — D’après la fable présente et IX, 8,
faites le portrait du Fou, tel que l’entend LaFontaine.
23. — LE RENARD ANGLAIS
A Madame Harvey1
Source. — Abstémius.
Intérêt. — Ce n’est pas une fable, mais un de ces exemples
que La Fontaine aime citer pour montrer l’esprit des animaux
(Discours à Mme de La Sablière, à La Rochefoucauld ; les Souris et
le Chat-Huant, XI, 9). La pièce est intéressante comme un des
premiers indices de cette admiration sans mesure et presque idolâ-
trique pour l’Angleterre qui va être de rigueur pendant tout le
xvme siècle philosophique. On trouve déjà ici les traits caracté
ristiques de l’Anglais philosophe : pensée profonde (v. 13), péné
tration scientifique (15-18), détachement de la vie (54).
Le bon cœur est chez vous compagnon du bon sens,
Avec cent qualités trop longues à déduire * : •
Une noblesse d’âme, un talent pour conduire
Et les affaires et les gens,
2. Datif éthique, 29, f.
1. Mme Harvey était veuve d’un ambassadeur d’Angleterre à Constan
tinople et sœur de l’ambassadeur en France. Elle vint à Paris en 1683,
année où La Fontaine la connut, sans doute chez la duchesse Mazarin,
Hortense Mancini, sœur de la duchesse de Bouillon, protectrice du
poète.