Page 488 - Les fables de Lafontaine
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486 FABLES. — LIVRE DOUZIÈME
Eut recours à son sac * de ruses scélérates,
Feignit vouloir 4 gravir, se guinda * sur ses pattes,
Puis contrefit le mort, puis le ressuscité.
Arlequin * n’eût exécuté
Tant de différents personnages *. 15
Il élevait sa queue, il la faisait briller, «
Et cent mille autres badinages *,
Pendant quoi *, nul dindon n’eût osé sommeiller :
L’ennemi les lassait en leur tenant la vue
Sur même objet * toujours tendue. 20
Les pauvres gens étant à la longue éblouis,
Toujours il en tombait quelqu’un * : autant de pris,
Autant de mis à part *. Près de moitié succombe.
Le Compagnon * les porte en son garde-manger.
Le trop d’attention qu’on a pour le danger 25
Fait le plus souvent qu’on y tombe.
Exercice complémentaire. — Les ruses nocturnes du Renard
sont celles d’un braconnier. Dites ce que vous savez et ce que vous
pensez de ce genre d’activité.
19. — LE SINGE
Source. — Inconnue.
Intérêt. — Fable-épigramme, lestement troussée, inspirée
sans doute, par quelque contemporain du monde parisien. La
pointe finale est tournée contre les plagiaires ; La Fontaine les
avait déjà attaqués dans IV, 9, le Geai paré des plumes du paon.
Il est * un Singe dans Paris
A qui l’on avait donné femme.
Singe, en effet, d’aucuns * maris,
Il la battait. La pauvre dame
4. Feignit vouloir, le verbe feindre est transitif et l’infinitif-objet se
construit sans de ; cf. vouloir prendre.