Page 487 - Les fables de Lafontaine
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DE RENARD ET DES RODDETS D'INDE       4*5

        Le Renard s’excusa * sur son peu de savoir.
        « Mes parents, reprit-il, ne m’ont point fait instruire ;
        Ils sont pauvres, et n’ont qu’un trou pour tout avoir.
        Ceux du Loup, gros * messieurs, l’ont fait apprendre * à
                                                   [lire. »
               Le Loup, par ce discours * flatté,     25
               S’approcha ; mais sa vanité
        Lui coûta quatre dents : le Cheval lui desserre •
        Un coup, et haut* le piedl Voilà mon Loup par terre,
               Mal en point, sanglant et gâté *.
        « Frère, dit le Renard, ceci nous justifie *   30
               Ce que m’ont dit des gens d’esprit * :
        Cet animal vous a, sur la mâchoire, écrit
        Que, de tout inconnu,^le sage • se méfie. »

         Exercice complémentaire. — Imaginez les réflexions du Loup,
        tandis qu'il regagne son repaire, « mal en point, sanglant et gâté >.



           18.  — LE RENARD ET LES POULETS D’INDE

         Source. — Thomas Willes : De Anima brutorum.
         Intérêt. — Fable didactique, ornée discrètement de traits pit­
       toresques destinés à mettre l’action en vive lumière.

               Contre les assauts d’un Renard
       Un arbre, à des dindons, servait de citadelle.
       Le perfide, ayant fait tout le tour du rempart
               Et vu chacun en sentinelle1,
       S’écria : « Quoi! ces gens se moqueront de moi!   5
       Eux seuls seront exempts de la commune loi !
       Non, par tous les dieux, non ! » Il accomplit son dire3.
       La lune alors luisant semblait, contre le sire *,
       Vouloir favoriser la dindonnière gent *.
       Lui, qui n’était novice * 3 au métier d’assiégeant,   1 o

         1. Entrée en matière descriptive, 26, b. — 2. Infinitif substantivé,
       29, j. — 3. Négation, 29, k.
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