Page 491 - Les fables de Lafontaine
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L’ÉLÉPHANT ET LE SINGE DE JUPITER 489
21. — L’ÉLÉPHANT ET LE SINGE DE JUPITER
Source. — La Fontaine semble avoir combiné des éléments
empruntés à divers passages de Pline le Naturaliste.
Intérêt.— Cette fable est la contre-partie de VIII, 15, le Rat et
l’Éléphant. Cette fois-ci, ce sont les prétentions de l’Éléphant qui
se trouvent confondues et ridiculisées.
Autrefois, l’Éléphant et le Rhinocéros,
En dispute du pas * et des droits de l’empire *,
Voulurent terminer leur querelle en champ * clos.
Le jour en était pris, quand quelqu’un * vint leur dire
Que le Singe de Jupiter, 5
Portant un caducée *, ^vait paru dans l’air.
Ce Singe avait nom Gille, à ce que dit l’Histoire *.
Aussitôt l’Éléphant de croire
Qu’en qualité d’-ambassadeur
Il venait trouver sa Grandeur *. 10
Tout fier de ce sujet de gloire,
Il attend Maître Gille, et le trouve un peu lent
A lui présenter sa créance *.
Maître Gille, enfin, en passant,
Va saluer Son Excellence *. 15
L’autre était préparé sur • la légation.
Mais pas un mot. L’attention
Qu’il croyait que1 les dieux eussent à sa querelle *
N’agitait pas encor * chez eux cette nouvelle 2.
Qu’importe à ceux du firmament 20
Qu’on soit Mouche ou bien Éléphant ?
Il se vit donc réduit à commencer lui-même :
« Mon cousin 3 Jupiter, dit-il, verra dans peu
Un assez beau combat, de son trône suprême.
Toute sa cour verra beau jeu •. 25
1. Doubles complétives, 29, i. — 2. L'attention... n'agitait pas
encore : en dépit de l’attention qu’il croyait..., les dieux ne connais
saient pas encore cette nouvelle et n’en discutaient pas. L’expression
est singulièrement pénible. —- 3. Les souverains, entre eux, s’appellent
« mon cousin ».