Page 49 - Les fables de Lafontaine
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INTRODUCTION                  45
          r) La gradation est une forme de l’énumération dans laquelle
         les éléments énumérés se suivent dans un ordre d’intérêt croissant.
         Si ces éléments sont de plus en plus considérables, la gradation
         est ascendante ; dans le cas contraire, elle est descendante.
          Voici une gradation ascendante d’adjectifs :
               Transi, gelé, perclus, immobile, rendu. (VI, 13, 6.)
          Dans la même fable, on trouve, au vers 18, une gradation ascen­
         dante de noms :
               Contre son bienfaiteur, son sauveur et son père.
          Au contraire, dans II, 14, 18, la gradation de noms est un type
         excellent de gradation descendante :
               Un souffle, une ombre, un rien, tout lui donnait la fièvre.
          Même type de gradation dans VIII, 1, 6 :
               Qu’on le partage en jours, en heures, en moments...
         - Voici une gradation ascendante de verbes :
               L’attelage suait, soufflait, était rendu. (VII, 8, 5.)
          La fable 11 du livre IX est composée tout entière sur une grada­
         tion, chaque nouveau personnage prenant son point d’appui sur
         le précédent, comme quelqu’un qui monte une échelle. Les Anciens
         appelaient, en effet, cette gradation, la gradation climaque, c’est-à-
         dire en échelle.
          Voici une gradation descendante de noms :
               C’est ton utilité, ton plaisir, ton caprice. (X, 1, zi.)
          Même type de gradation dans VIII, 13, 50, gradation soulignée
         par la répétition de dont :
               (Un berger). Dont l’abord, dont la voix, dont le nom
          Voici, pour finir, une gradation ascendante d’adverbes et de
         verbes :
               D'abord il s’y prit mal, puis un peu mieux, puis bien,
               Puis, enfin, il n'y manqua rien. (XII, 9, 44-45.)
          r) L’harmonie est, non une figure, mais une qualité du style qui
         résulte du choix des sonorités (euphonie) et des rythmes (eurythmie)
         agréables à l’oreille :
               Un agneau se désaltérait
               Dans le courant d’une onde pure. (I, 10, 3-4.)
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