Page 45 - Les fables de Lafontaine
P. 45

INTRODUCTION                  4«

        L’antithèse suivante, doublée d’une périphrase qui désigne
       l’alouette, est admirable de pathétique :
          Celle qui chantait, quoique près du tombeau. (VI, 15, 9.)
        L’antithèse peut être comique et soulignée par des symétries
       de mots, comme dans l’exemple suivant :
                Un mort s'en allait tristement
                S’emparer de son dernier gîte.
                Un curé s'en allait gaiement
                Enterrer ce mort au plus vite. (VII, 10, 1-4.)
        L’antithèse peut viser simplement à la précision en opposant
       deux nuances distinctes de la même chose :
          Leur orgueil (des Espagnols) me semble, en un mot,
          Beaucoup plus vain, mais pas si sot. (VIII, 15,7 -8.)
        h)  L’apostrophe est une figure de tour oratoire ; elle consiste
       à interpeler une allégorie, une abstraction, un être absent :
                   Fureur d’accumuler...
       ... Te combattrai-je en vain sans cesse en mes ouvrages? (VIII, 27, 1-3.)
        Voici une apostrophe où l’auteur interpelle un adversaire sup­
       posé, l’Avare :
          Mon ami, j’ai pitié de ton erreur extrême. (X, 4; 11 et suiv.)

        i)  La brachylogie est une abréviation d’expression ; c’est une
       forme frappante de la concision :
                Ses œufs, ses tendres œufs... (II, 8, 19.)
       au lieu de : ses œufs tendrement aimés. En voici une plus caracté­
       ristique :
                Le résultat enfin de la suprême cour
                Fut de condamner... (XII, 14, 29-30.)
       pour : le résultat de la délibération de la suprême cour.
        7) La comparaison consiste à illustrer une idée ou une image
       par le rapprochement explicite d’une seconde idée ou image :
                   Le nouveau Loup y court
             Et répand la terreur dans les lieux d’alentour :
                    Tel, vêtu des armes d’Achille,
             Patrocle mit l’alarme au camp et dans la ville. (XII, 9, 47, qq.)
         Comparaison épique, destinée à donner une noblesse héroï-
       comique aux exploits du Renard déguisé. Cf., dans le même style
       épique, XII, 24, 81.
   40   41   42   43   44   45   46   47   48   49   50