Page 47 - Les fables de Lafontaine
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INTRODUCTION 43
pour : où trouver mieux ? tournure qui contient encore une ellipse
pour : où aurait-il pu trouver mieux ? Cette ellipse peint la hâte
désespérée du lapin. En voici une qui peint le désordre des senti
ments :
Notre mort,
Au moins de nos enfants... (III, 6, 6-7.)
pour : au moins celle de nos enfants.
Dans le marais entrés, notre bonne commère
S’efforce de tirer... (IV, n, 25.)
pour : une fois qu’ils furent entrés... L’ellipse peint la hâte de la
bonne commère.
Dans VIII, 10, 4 : Il fût devenu fou sous-entend : si la chose
s’était prolongée. L’ellipse se sous-entend d’elle-même, du fait
de la tournure conditionnelle qui prend ainsi une forte valeur
expressive, sans effet de rapidité.
D’où vient donc que ce corps si bien organisé
Ne put obliger son hôtesse
De s’unir au soleil, un rat eut sa tendressel (IX, 7, 71-73.)
pour : et qu’un rat... Ici, l’ellipse n’est qu’un tour bref usuel à
l’époque ; de même, dans IX, 15, 4-5 :
Il ferait bien
De se pendre et finir lui-même sa misère.
Voici, en revanche, un exemple d’ellipse assez forte :
Auquel cas, où l'honneur d’une telle aventure? (IX, 13, 28.)
pour : où serait l’honneur. L’ellipse exprime le mépris de l’aven
turier. Dans III, 15, 12-13, l’ellipse exprime une impatience
nuancée d’indignation :
Eh quoil cette musique
Poilr ne chanter qu’aux animaux I
Dans XI, 5, 26-27, l’ellipse est une simple allusion à la formule
et cetera :
... Les qualifie impertinentes,
Et semblables discours qui ne nous coûtent rien
pour : Et (tient de) semblables... De même, dans XI, 9, 6-7,
l’ellipse est d’origine grammaticale :
D’une fable
Il a l’air et les traits, encor que véritable,
pour : encore qu'il soit..., mais encore que est construit comme son
synonyme quoique.