Page 472 - Les fables de Lafontaine
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47° FABLES. — LIVRE DOUZIÈME
Caquet * bon-bec, alors, de jaser au plus dru *
Sur ceci, sur cela, sur tout. L’homme d’Horace 4
Disant le bien, le mal, à travers champ *, n’eût su
Ce qu’en fait de babil y savait notre agasse *. 15
Elle offre d’avertir de tout ce qui se passe,
Sautant, allant de place en place,
Bon espion, Dieu * sait! Son offre ayant déplu,
L’Aigle lui dit, tout en colère :
« Ne quittez point votre séjour 5, 20
Caquet * bon-bec, ma mie * ; adieu. Je n’ai que faire
D’une babillarde à ma cour :
C’est un fort méchant * caractère! »
Margot ne demandait pas mieux.
Ce n’est pas ce qu’on croit que d’entrer chez les dieux *. 25
Cet honneur a * souvent de mortelles angoisses.
Rediseurs *, espions, gens à l’air gracieux,
Au cœur tout différent, s’y rendent odieux 6,
Quoique, ainsi que la Pie, il faille, dans ces lieux,
Porter l’habit de deux paroisses *. 30
Exercice complémentaire. — Composez le discours de l’Aigle
expliquant à la Pie pourquoi elle ne veut pas « d'une babillarde à sa
cour ».
12. — LE MILAN, LE ROI ET LE CHASSEUR
A Son Altesse Sérénissime
Monseigneur le Prince de Conti.
Source. — Inconnue. L’allusion à Pilpay au vers 75, est une
fantaisie de l’auteur.
Intérêt. — La fable est dédiée au prince de Conti, neveu du
grand Condé ; Conti épousa, en 1688, sa petite-cousine, Marie-
4. L'homme d'Horace est Vulteius Menas, mis en scène dans la 7e Épître
du livre I, comme parlant de tout et du reste. — 5. Autrement dit :
Restez chez vous. — 6. Il s’agit des mouches (mouchards).