Page 477 - Les fables de Lafontaine
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LE RENARD, LES MOUCHES ET LE HÉRISSON 475
13. — LE RENARD, LES MOUCHES ET LE HÉRISSON
Sources. — Abstémius ; Gilbert Cousin ; Verdizotti. L’histoire
est aussi contée par Aristote, Rhétorique, II, 20 (cf. v. 27), et par
Josèphe, Histoire des Juifs, 18, 8.
Intérêt. — Fable didactique, du genre orné. L’avidité des « para
sites » fait aussi le sujet de la fable 6, du même livre : le Cerf malade,
qui est à rapprocher.
On possède, en manuscrit autographe, la première rédaction
de cette fable par La Fontaine. La comparaison des deux textes
révèle dans quelle direction l’auteur orientait ses efforts : pitto
resque, vivacité du dialogue, variété des rythmes :
LE RENARD ET LES MOUCHES
Un Renard, tombé dans la fange
' Et, des mouches, presque mangé,
Trouvait Jupiter fort étrange
De souffrir qu’à ce point le Sort l’eût outragé.
Un Hérisson du voisinage 5
Dans mes vers nouveau personnage,
Voulut le délivrer de l’importun essaim.
Le Renard aima mieux les garder et fut sage.
« Vois-tu pas, dit-il, que la faim
Va rendre une autre troupe ertcor plus importune ? 1 o
Celle-ci, déjà soûle, aura moins d’âpneté. »
Trouver, à cette fable, une moralité,
Me semble chose assez commune ;
On peut, sans grand effort d’esprit,
En appliquer l’exemple aux hommes : 15
Que de mouches voit-on, dans le siècle où nous sommes I
Cette fable est d’Ésope, Aristote le dit.
Aux traces 1 de son sang, un vieux * hôte des bois,
Renard fin, subtil et matois *,
Blessé par des chasseurs et tombé dans la fange,
Autrefois attira ce parasite * ailé
1. Joignez à attira ; attira aux traces : attira par les traces. Inversion
descriptive, 23, y.