Page 468 - Les fables de Lafontaine
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464 FABLES. — LIVRE DOUZIÈME
Chez nous, cette déesse a plus d’un tributaire.
• Commençons par les éléments * :
Vous serez étonnés de voir qu’à tous * moments 5
Ils seront appointés * contraire.
Outre ces quatre potentats,
Combien d’êtres de tous * états *
Se font une guerre éternelle!
Autrefois, un logis plein de Chiens et de Chats, 10
Par cent arrêts *, rendus en forme solennelle,
Vit terminer tous leurs débats.
Le maître, ayant réglé leurs emplois, leurs repas,
Et menacé du fouet quiconque aurait querelle *,
Ces animaux vivaient entre eux comme cousins. 15
Cette union si douce, et presque fraternelle,
Édifiait tous les voisins.
Enfin *, elle cessa. Quelque plat de potage *,
Quelque os, par préférence à quelqu’un d’eux donné,
Fit que l’autre parti s’en vint, tout forcené *, 20
Représenter * un tel outrage *.
J’ai vu des chroniqueurs * attribuer le cas *
Aux passe-droits * qu’avait une chienne en gésine *.
Quoi qu’il en soit, cet altercas *
Mit en combustion * la salle • et la cuisine ; 23
Chacun se déclara pour son Chat, pour son Chien.
On fit un règlement dont les Chats se plaignirent,
.
Et tout le quartier étourdirent2 *
Leur avocat disait qu’il fallait, bel et bien,
Recourir aux arrêts *. En vain, ils les cherchèrent. 30
Dans un coin où d’abord * leurs agents * les cachèrentâ,
Les souris enfin * les mangèrent4.
Autre procès nouveau : le peuple * souriquois *
En pâtit. Maint vieux chat, fin, subtil et narquois *,
Et, d’ailleurs, en voulant à toute cette race, 35
Les guetta, les prit, fit main * basse.
Le maître du logis ne s’en trouva que mieux.
2. Et (ils) étourdirent tout le quartier. Inversion, 23, y. — 3. Les
cachèrent, les avait si bien rangés qu’ils étaient comme cachés et introu
vables. — 4. Les souris, à la fin, les avaient mangés.