Page 463 - Les fables de Lafontaine
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LE VIEUX CHAT ET LA JEUNE SOURIS 459
Introduirai-je un Roi1 qu’entre ses favoris
Elle respecte seul, Roi qui fixe sa roue2,
Qui n’est point empêché * d’une monde d’ennemis 3 15
Et qui, des plus puissants, quand il lui plaît, se joue
Comme le Chat de la Souris?
Mais insensiblement, dans le tour * que j’ai pris,
Mon dessein * se rencontre ; et, si je ne m’abuse 4,
Je pourrais tout gâter par de plus longs récits. 20
Le jeune Prince alors se jouerait de ma Muse *
Comme le Chat de la Souris.
Exercice complémentaire. — Exécuter des variations sur l'un
des thèmes suivants : 1. Le beau temps et la pluie ; 2. beaucoup de
bruit pour rien ; 3. où sont les neiges d’antan?
5. — LE VIEUX CHAT ET LA JEUNE SOURIS
Source. — Abstémius. Suite du poème précédent.
Intérêt. — La Fontaine reprend, avec ces deux nouveaux
personnages, le sujet qu’il a déjà traité dans X, 3, le Petit Poisson
et le Pêcheur, et dans IX, 10, le Loup et le Chien maigre ; mais,
sans doute par souci de variété, il conclut sa fable par une morale
toute différente, et, selon son habitude, misanthrope. La fable
se réduit au dialogue antithétique des deux personnages, avec le
minimum de présentation. C’est un petit drame tout psycholo
gique, traité avec beaucoup de naturel et une grande sûreté de
touche.
Une jeune Souris de peu d’expérience
Crut fléchir un vieux Chat, implorant sa clémence
Et payant * de raisons le Raminagrobis * :
« Laissez-moi vivre : une Souris
De ma taille et de ma dépense1 5
Est-elle à charge en ce logis ?
1. Louis XIV. — 2. Symbole de l’inconstante Fortune. —- 3. La
Ligue d’Augsbourg. — 4. Cheville évidente, 27, h.
1. Qui ne fait pas plus de dépense, qui ne mange pas plus que moi.