Page 467 - Les fables de Lafontaine
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LA QUERELLE DES CHIENS ET DES CHATS 463
Le plongeon.4, sous les eaux, s’en allait les chercher.
L’oiseau Chauve-Souris 5 *n’osait plus approcher •
*
Pendant le jour, nulle demeure : 35
Suivi de sergents à toute heure,
En des trous il s’allait cacher.
Je connais maint detteur *, qui n’est ni Souris-Chauve,
Ni Buisson, ni Canard, ni dans tel cas * tombé,
Mais simple 8 grand seigneur, qui tous les jours se sauve 40
Par un escalier dérobé.
Exercice complémentaire. — Faites le portrait du débiteur aux
abois.
8. — LA QUERELLE DES CHIENS ET DES CHATS
ET CELLE DES CHATS ET DES SOURIS
Source. — Haudent.
Intérêt. — La fable 20 du livre VI s’intitule et a pour sujet
la Discorde. Le ton en est celui de l’allégorie satirique. Ici, le même
sujet est traité sur le mode philosophique, et il encadre une vraie
fable, où La Fontaine s’est plu à répandre à profusion les expres
sions empruntées au langage des plaideurs. Le mélange de tous
ces éléments un peu disparates ne, manquent pas d’un piquant
que rehausse encore l’archaïsme du vocabulaire.
La Discorde * a toujours régné dans l’univers \
Notre monde en fournit mille exemples divers.
4. Le plongeon n’est nullement un canard, c’est un oiseau des contrées
septentrionales qu’on ne trouve pas dans nos régions. Les sources de
La Fontaine mettent, en effet, un plongeon en scène ; La Fontaine a
remplacé ce plongeon par le canard, beaucoup mieux connu de ses
lecteurs ; mais, avec sa zoologie souvent très vague, il revient ici au
plongeon, dont le nom, d’ailleurs, fait image. — 5. La chauve-souris
n’est nullement un oiseau, mais un petit mammifère.— 6. Ironie, 23, z.
1. C’est le principe d’Héraclite, qui veut que l’équilibre du monde
ait pour base la lutte des contraires.