Page 469 - Les fables de Lafontaine
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LE LOUP ET LE RENARD            4*5
      J’en reviens à mon dire. On ne voit, sous les cieux,
      Nul animal, nul être, aucune créature,
      Qui n’ait son opposé : c’est la loi de Nature *.   40
      D’en chercher la raison, ce sont soins * superflus.
      Dieu fit bien ce qu’il fit s, et je n’en sais pas plus.

          Ce que je sais, c’est qu’aux grosses paroles 5
                                              6
      On en vient sur un rien plus des trois quarts du temps.
      Humains, il vous faudrait encore à soixante ans   45
             Renvoyer chez les barbacoles *.
        Exercice complémentaire. — Montrer en quoi consiste cette
      opposition des contraires qui, d'après La Fontaine, est la « Loi de
      Nature ».



               9.  — LE L®UP ET LE RENAR®

        Source. Elle est indiquée à la fin de la fable. On possède
      encore, à la Bibliothèque Nationale, un thème latin donné par
      Fénelon au duc de Bourgogne sur ce sujet.
        Intérêt. Par sa donnée et son idée directrice, cette fable se
      rapproche beaucoup de II, 18, la Chatte métamorphosée en Femme.
      Dans les deux cas, il s’agit d’une métamorphose dont triomphe
      le naturel primitif. On peut aussi rapprocher de IX, 7, la Souris
      métamorphosée en Fille et, par contraste, de XII, 1, les Compagnons
      d'Ulysse, qui soutient une thèse toute contraire.
             D’où vient que personne, en la vie,
             N’est satisfait de son état * ?  i',,
             Tel * voudrait bien être soldat
             A qui le soldat porte envie.
             Certain * Renard voulut, dit-on,         5
             Se faire loup. Hé! qui peut dire
             Que, pour le métier de mouton,
             Jamais aucun loup ne soupire ?
       5. Cf. IX, 4, vers 1 : Dieu fait bien ce qu'il fait. — 6. Nous dirions :
      aux gros mots.
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