Page 442 - Les fables de Lafontaine
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438 FABLES. — LIVRE ONZIÈME
Je finis : punissez de mort
Une plainte un peu trop sincèie. »
A ces mots, il se couche11 et chacun, étonné, 85
Admire le grand cœur, le bon sens, l’éloquence
Du sauvage * ainsi prosterné *.
On le créa patrice11 et ce fut la vengeance
12
,
Qu’on crut qu’un tel discours méritait. On choisit
D’autres préteurs ; et, par écrit, 90
Le Sénat demanda13 ce qu’avait dit cet homme,
Pour servir de modèle aux parleurs à venir.
On ne sut pas longtemps, à Rome,
Cette éloquence entretenir.
Exercice complémentaire. — Lettre d'un sénateur romain à
un de ses amis de province, pour lui raconter la séance du Sénat
marquée par le discours du Paysan du Danube.
8. — LE VIEILLARD ET LES TROIS JEUNES HOMMES
Sources. — Abstémius ; Sénèque, 86e Lettre à Lucilius.
Intérêt. — C’est le « de Senectute », ou éloge de la vieillesse,
de La Fontainè. Le discours du Vieillard reprend d’ailleurs les
arguments du célèbre traité de Cicéron, et, n’étaient les vers 28-36,
la fable serait exactement un dialogue philosophique en miniature.
C’est aussi la contre-partie de VIII, 1, la Mort et le Mourant, le
rôle du Vieillard s’opposant dans les deux fables.
Cette fable a un mérite bien rare dans le deuxième recueil,
celui de la concision et, par suite, de la brièveté.
11. Pour montrer qu’il s’abandonne entièrement aux Romains. —
12. Patrice, au pied de la lettre, est une sorte de premier ministre,
protecteur de l’État. Cette dignité n’a été créée que par Constantin,
plus de deux siècles après Marc-Aurèle. La Fontaine veut sans doute
dire patricien, c’est-à-dire noble. — 13. Le Sénat demanda que l’on
mit par écrit.