Page 437 - Les fables de Lafontaine
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L’amour-propre donnant du ridicule aux gens.
L’injuste aura son tour, il y faut plus de temps. » 70
Ainsi parla ce Singe. On ne m’a pas su dire
S’il traita l’autre point 9, car il est délicat.
Et notre maître * ès arts, qui n’était pas un fat *,
Regardait ce Lion comme un terrible sire.
Exercice complémentaire. — Supposez que le Lion, plein de
zèle, note le résumé de la leçon du Singe, et composez ce résumé.
6. — LE LOUP ET LE RENARD
Sources. — Verdizotti ; Jacques Régnier.
Intérêt. — Fable ornée, dont les traits pittoresques et le déve
loppement sont remarquables de précision. La comparaison avec
III, 5, le Renard et le Bouc s’impose : cadre, personnages, actions
sont identiques ou analogiques. On verra, par le contraste entre
le récit nerveux de la première en date et l’aisance, qui n’est
pas sans quelque laisser-aller, de celle-ci, comment l’art de La
Fontaine s’est, en vieillissant, un peu émoussé. Dans l’une, La
Fontaine raconte et va droit au but ; dans l’autre, il s’écoute parler
et, par moments, bavarde.
Mais d’où vient qu’au Renard Ésope accorde un point * :
C’est d’exceller en tours pleins de matoiserie * ?
J’en cherche la raison, et ne la trouve point.
Quand le loup a besoin de défendre sa vie
Ou d’attaquer celle d’autrui, 5
N’en sait-il pas autant que lui ?
Je crois qu’il en sait plus, et j’oserais, peut-être
Avec quelque raison, contredire mon maître.
Voici pourtant un cas * où tout l’honneur'échut '
A l’hôte des terriers1. Un soir, il aperçut 10
9. L’autre point est Vinjustice de l’amour-propre, le premier point
étant le ridicule. Cf. vers 19.
1. Cette entrée en matière est le type même de l’entrée en matière
familière, 26, b.