Page 428 - Les fables de Lafontaine
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424 FABLES. — LIVRE ONZIÈME
Sauvez le reste ainsi. » Ce conseil ne plut pas.
Il en prit mal *, et force * états
Voisins du Sultan, en pâtirent.
Nul n’y gagna ; tous ,y perdirent.
Quoi que fît ce monde ennemi, > 50
Celui qu’ils craignaient fut le maître.
Proposez-vous d’avoir le Lion pour ami
Si vous voulez le laisser croître 3.
Exercice complémentaire. — Faites les portraits antithétiques
de l’imprudent Sultan et de son Vizir, « vieux routier et bon politique ».
2. — POUR MONSEIGNEUR LE DUC DU MAINE
Source. — Inconnue.
Intérêt. — Allégorie très caractéristique du goût Louis XIV.
Les princes, le Roi sont métamorphosés en dieux antiques, comme
dans la Galerie des Glaces, à Versailles. C’est l’apothéose de la
monarchie.
Le duc du Maine, fils de Louis XIV et de Mme de Montespan,
avait alors 9 ans, étant né en 1670. Il montrait les dispositions
d’esprit les plus étonnantes, à l’admiration de la Cour, et, en parti
culier, de Mme de Sévigné : « L’esprit qu’il a est étonnant ;
les choses qu’il dit ne se peuvent imaginer » (1676). On avait,
en 1679, publié ses Œuvres diverses qui contenaient quelques Lettres
Galantes. Il devait épouser, plus tard, une petite-fille de Condé
et s’établir dans son château de Sceaux, dont la duchesse fit un
centre d’esprit et de fêtes célèbre.
Jupiter * eut un fils qui, se sentant du lieu *
Dont il tirait son origine,
Avait l’âme toute divine.
L’enfance n’aime rien1 : celle du jeune dieu *
3. Prononcez : croître. On trouve encore dans Voltaire croître rimant
avec être.
1. On connaît l’opinion de La Fontaine sur les enfants ; voir : I, 19 ;
vers 11 ; IX, 2, vers 54 ; IX, Discours à Mroe de La Sablière, vers 201
et suiv.