Page 423 - Les fables de Lafontaine
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LE MARCHAND, LE GENTILHOMME, LE PATRE 419
Cent exemples pourraient appuyer * mon discours * ;
Mais les exemples les plus courts
Sont toujours les meilleurs'. En cela, j’ai pour guide
Tous les maîtres de l’art, et tiens qu’il faut laisser, 55
Dans les plus beaux sujets, quelque chose à penser #.
Ainsi, ce discours doit cesser.
Vous 6, qui m’avez donné ce qu’il a de solide,
7
Et dont la modestie égale la grandeur,
Qui ne pûtes jamais écouter sans pudeur * 60
La louange la plus permise,
La plus, juste et la mieux acquise,
Vous, enfin, dont à peine * ai-je encore 8 obtenu
Que votre nom reçut ici quelques hommages,
Du temps et des censeurs *, défendant mes ouvrages, 65
Comme un nom qui, des ans et des peuples connu,
Fait honneur à la France, en grands noms plus féconde
Qu’aucun climat * de l’univers,
Permettez-moi du moins d’apprendre à tout le monde
Que vous m’avez donné le sujet de ces vers. 70
Exercice complémentaire. .•— Que pensez-vous de la thèse de
La Fontaine, à savoir que les hommes et les animaux sont aussi fous
les uns que les autres?
15. — LE MARCHAND, LE GENTILHOMME, LE PATRE
ET LE FILS DE ROI
Source. — Poussines.
Intérêt. — Conte politique, qui compare, en un besoin vital,
l’utilité de ce qu’on appelait les ordres de la nation et de ce que
nous appelons aujourd’hui les classes : commerce, noblesse, gou-
6. Éloge délicat et détourné de l’extrême brièveté des Maximes. —•
7. Vous, La Fontaine s’adresse à La Rochefoucauld. — 8. Encore,
une seconde fois ; comprenez : vous dont j’ai obtenu avec peine que
votre nom reçut ici une seconde fois quelques hommages. La Fontaine
a rendu hommage à La Rochefoucauld une première fois dans la
fable il du livre I.